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  • Indio Saravanja – Songster

    Indio Saravanja est un songwriter (ou plutôt un songster) canadien, d'origine argentine. C'est aussi un des plus talentueux à émerger ces dernières années sur une scène pour le moins encombrée, dans un genre qui ne nourrit pas toujours son homme (Sammy Walker pourrait en témoigner).

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    Voici ce qu'Indio écrit à propos de son nouveau disque "Songster - 14 Early Songs" qu'il vient de publier, de manière relativement confidentielle:

    "Voici ce j'ai pensé être une bonne idée en me réveillant il y a quelques jours. Publier un disque de quelques unes de mes 'meilleures' anciennes chansons. Sélectionner des titres qui peignent le portrait du jeune 'music man' que j'étais et qui parlent de ce qui me touchait à l'époque (pour beaucoup, c'est la même chose que maintenant). Enregistrer seul, avec une guitare et un harmonica, en une seule session nocturne... L'appeler 'Songster' et pas 'Singer-Songwriter' car c'est ce que je suis principalement depuis pas mal de temps C'était l'idée.

    Ces chansons ont été écrites dans une période autour de mes 20 ans - un temps très excitant pendant lequel beaucoup ont été terminées et davantage encore abandonnées. Elles sont venues à la vie sur des serviettes, dans des journaux, et au dos de tickets de train ou d'avion, sur les routes terrestres et célestes entre mes principaux points de chute de l'époque: Yellowknife, New York, Madrid, Montréal, Toronto, Mexico, l'Argentine et la Côte Ouest. J'étais passionné et fou, obsédé par l'idée de m'améliorer, écrivant autant que je le pouvais. Je creusais des fossés, lavais la vaisselle, je peignais des bateaux; j'étais un homme à louer le jour et un musicien de rue errant, un jukebox humain la nuit, j'écrivais timidement ces chansons, me demandant si elles seraient assez bonnes pour les partager avec vous. Je n'ai toujours pas la réponse à cette question, mais il est temps de les laisser vivre leur vie. J'en chante encore une paire en tournée, de temps en temps et une ou deux ont été retravaillées tellement de fois que je ne peux plus compter. Voici donc les premier coups qui sont partis de mon Smith and Wesson".

    14 titres nus, où Indio Saravanja se livre et se confie, c'est un disque pour les fans et les amis. Et ceux-ci aiment. Une idée? Écoutez ceci, "Home (Song For Mom)":


    podcast

    Procurez vous ce disque pendant qu'il est temps. Pas facile, vous ne le trouverez pas en magasin, mais avec un compte paypal (l'adresse d'Indio c'est indio@indiosaravanja.com), pour la somme de 15,00$ frais d'envoi compris, vous aurez votre exemplaire qui deviendra vite un collector.

    En 2009, Indio avait publié "The Caravan Sessions", tout en haut de mon top personnel.

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    Voici ce qu'en disait Sam Pierre dans Xroads #23:

    "Sans musique, la vie serait une erreur", écrivait Nietsche. Qu'aurait-il dit s'il avait connu Gaston "Indio" Saravanja, cet Argentin émigré dès 3 ans au Canada. Il vit aujourd'hui en Colombie Britannique après être passé par Montréal, l'Espagne, New York, Yellowknife, le Yukon (deux noms bien connus des chercheurs d'or ou de diamant)? Je n'ai pas la réponse à cette angoissante question mais je sais que sans un ami qui se reconnaît en lisant ces lignes et qui m'a soufflé son nom il y a quelques semaines (cet ami tenait lui-même l'information de l'nestimable Jacques Spiry), Indio Saravanja n'évoquerait toujours rien pour moi. L'Aquilon, hebdomadaire francophone du grand nord canadien le présente ainsi: "Avec ses petits cheveux frisés, coupés en brosse, il lui ressemblerait presque. Bon, j'exagère. N'empêche, quand on l'entend, c'est tout de suite au Bob Dylan des jeunes années folk qu'on pense". Oubliez plutôt cette comparaison même si, quand vous vous rendrez sur le site web d'Indio vous entendez une version live de « El Camino Dreams », avec un harmonica qui pourrait entretenir la confusion. Indio, c'est tout autre chose. Il a publié un premier album, sans titre, en 2005, porteur de grandes espérances. Hélas, ce disque, peu promu et vite supprimé de son catalogue par le label Caribou Records, ne se vendit que fort peu. Et Indio continuait d'écrire chanson sur chanson, sans le sou, désespérant de pouvoir enregistrer (d'endisquer, comme on dit là-bas). Et puis quelqu'un eut l'idée de lancer une souscription qui permit de financer cet album. Des donateurs du Canada bien sûr, des USA (Leeroy Stagger fait partie de ses amis et supporters), mais aussi d'Allemagne ou de France comme en témoignent les noms de Dietmar Leibecke ou Hervé Oudet (toujours en avance de quelques longueurs) figurant dans la liste des "fundraisers". Et le miracle a eu lieu: The Caravan Sessions, disque auto-produit, sans grands moyens (3 semaines d'enregistrement, 1 seul micro et un apprentissage "sur le tas" de l'engineering), est déjà pour moi au top des albums de l'année, c'est même le meilleur dans la catégorie des singers-songwriters masculins, haut la main! Des mélodies en apparence simples qui vous accrochent dès la deuxième écoute et ne vous lâchent plus. Une instrumentation acoustique où Indio, pur autodidacte, excelle tant à la guitare qu'au piano. Concernant cet instrument, Indio raconte: "Il y a 10 ans j'ai eu un contrat un peu spécial, 2 ans dans un club. J'avais la clé et il y avait un piano. J'ai appris tout seul, je joue visuellement seulement, je ne sais pas comment je fais. Mystère! J'appelle cela le 'singer-songwriter piano', peut-être comme Neil Young". Et puis il y a le violon de Daniel Lapp qui ajoute çà et là comme une touche de magie, une enluminure. Sur un titre comme « Grace Of Thee », même si la voix trahit certaines limites, on pense au meilleur Randy Newman; Indio se met à nu, privilégiant la sincérité à la technique, c'est aussi la grâce et la poésie de l'émotion à l'état pur. Au long de l'album, Indio navigue entre thèmes personnels (« Clouds ») et thèmes plus sociaux (« 21st Century Blues » ou « Fortunate Son »), atteignant un sommet de délicatesse mélodique dans « Minor Blues » qui évoque aussi bien l'angoisse du songwriter essayant d'écrire une chanson que l'amour qui s'évapore. Au final, on a affaire à un artiste totalement original qui crée un univers personnel. Il paraît qu'Indio a déjà de quoi enregistrer plusieurs autres albums; il espère d'ailleurs pouvoir en réaliser un avant la fin de l'année. Pour vivre et faire vivre sa famille, il continue à travailler dur: bûcheron, chauffeur de poids lourds… c'est dire si la partie est loin d'être gagnée. Il est par ailleurs amateur de chanson française et particulièrement fan de Georges Moustaki, et a même réalisé l'adaptation d'un titre de ce dernier, « Mam'zelle Gibson », qu'il espère incorporer à son prochain opus. À ranger? Vous ne pourrez pas, alors n'en parlons plus! Commencez par acheter et faire acheter The Caravan Sessions. Dans 10 ans vous pourrez dire: "je savais".

     

    A priori, ce disque est toujours disponible chez CD Baby. On le trouve aussi en téléchargement sur les sites dédiés.

     

    En revanche, le premier album d'Indio, sans titre, ne se trouve plus qu'en téléchargement ou alors d'occasion, très cher maintenant (chez amazon, il faut parfois chercher Indio Sarananja, le nom étant mal orthographié). Il mérite lui aussi un coup d'oreille attentif, c'est une première oeuvre d'une grande maturité.

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    Pour en revenir à "Songster", si Indio a choisi cette appellation, c'est parce qu'elle est moins restrictive que celle de "Singer-Songwriter". Indio s'inscrit dans la tradition des trouvères et des troubadours, se qualifiant lui-même de jukebox humain, soucieux, au-delà de ses propres compositions, de transmettre un véritable patrimoine musical et poétique. C'est aussi cette démarche qu'avaient choisie des gens aussi renommés que Woody Guthrie, Bob Dylan ou, chez nous, Georges Brassens.