En ce premier jour de juillet, la chaleur était grande sur Paris. Dans le quartier du Panthéon, heureusement, les vieilles pierres et les rues étroites nous apportaient une fraîcheur, relative, certes, mais bienvenue.
Quand je suis arrivé rue Laplace, un peu avant 19h00, les sanwiches et la bouteille d'eau à la main, quelques habitués entouraient Hervé, pendant qu'à l'intérieur les musiciens et le metteur en son effectuaient les derniers réglages.
Difficile d'imaginer que les choses avaient changé, que j'allais assister à mon dernier concert d'Acoustic in Paris, l'avant-dernier de la série puisque, le lendemain, les mêmes invités revenaient pour la séance d'adieu.
Et quels invités! Deux habitués, et deux excellents souvenirs pour moi (des artistes que j'écoute depuis plus de 35 ans): Eric Andersen et Iain Matthews avec, en prime, l'excellent guitariste et chanteur "Americana" originaire des Pays-Bas, mais avec une partie de sa famille qui est canadienne, Ad Vanderveen.
Lorsque je suis descendu dans le caveau, la scène était pleine: Eric et Ad étaient là pour le soundcheck en compagnie de 2 charmantes jeunes femmes. Il y avait Ingrid, l'épouse d'Eric Andersen et Kersten de Ligny, choriste d'Ad Vanderveen. Et un piano électrique avait été ajouté au cas où une sardine aurait tenté de se faufiler sur la scène (ce qui, convenons-en, est assez rare sur la Montagne Ste Geneviève mais, à défaut de poisson, il arrive qu'Hervé monte auprès de ses invités...).
Premier constat: Eric Andersen semblait stressé, de mauvaise humeur et même désagréable avec Patrick, l'homme grâce à qui le son de La Pomme d'Ève a acquis une réputation mondiale. Mais là, les choses étaient plus délicates car on pouvait imaginer qu'à un moment de la soirée cinq personnes vocaliseraient ensemble.
Les invités se sont ensuite éclipsés pour aller prendre une collation au restaurant d'en face et puis, après un temps un peu long pour ceux qui attendaient, Hervé monta enfin sur scène pour présenter le programme des 2 soirées. Les 2 dernières... Était-il ému? Sans doute, mais il ne le montra pas trop, il avait encore 2 soirées de plaisir (et de tracas, aussi) devant lui.
Le programme: d'abord Ad Vanderveen et Kersten de Ligny, puis Iain Matthews (avec Ad) et enfin Eric Andersen avec Ingrid... et Ad. Le sympathique guitariste hollandais allait donc être le trait d'union de la soirée.
Ad Vanderveen, vous pouvez le découvrir ici . Il a derrière lui une carrière estimable et son principal titre de gloire (pour moi en tout cas) est d'avoir été membre du trio "More Than A Song" en compagnie d'Elliza Gilkyson et Iain Matthews (il a d'ailleurs composé le titre "More Than A Song To Sing" qui a donné son nom au groupe). Il a sorti récemment un double CD "Still Now" qui présente 2 aspects de sa personnalité et de sa musique. L'un, intitulé "The Living" présente des morceaux interprétés en solo, à la guitare acoustique. L'autre, "The Garage", offre des titres où il est accompagné par son groupe rock, "The O'Neils", certains titres étant communs aux 2 CD.
Ad, en compagnie de Kersten, nous gratifia d'un set fort agréable qui nous permit de mieux le connaître. Plusieurs titres de "Still Now" (dont le morceau titre) étaient au programme. Guitariste de talent, chanteur et compositeur compétent à défaut d'être original, Ad Vanderveen nous fit passer un bon moment. Il invita Iain Matthews à le rejoindre pour interpréter en sa compagnie "If My Eyes Were Blind" de cet immense songwriter qu'est David Olney. Si Emmylou vient lire cet article, ce n'est pas elle qui me démentira!
Dans la foulée, Iain débuta son set. Et il nous fit du Iain Matthews, toujours passionné par ce qu'il chante, toujours amoureux de la musique, toujours heureux d'être au milieu de son public. Ad Vanderveen, dès les premières notes, se mua en accompagnateur. Et c'est sans doute dans ce rôle qu'il est le meilleur. Que ce soit à la guitare ou aux harmonies vocales, il donne l'impression qu'il a toujours joué avec son partenaire. Or, dans le cas de Iain, cela faisait plus d'un lustre qu'ils n'avaient pas partagé la scène. Ce set s'écoula donc sans réelle surprise, mais toujours à un très haut niveau avec 2 artistes qui prenaient plaisir à être ensemble. Ad Vanderveen reprit le milieu de la scène pour un très beau "More Than A Song To Sing" avec Iain et Kersten, et puis, au bout des 45 minutes qui lui avaient été imparties, plus quelques minutes, Iain débrancha sa guitare et ce fut le break.
Occasion pour moi de disctuter un peu avec Ad et Kersten, de me faire autographier "Still Now", et pour chacun de se rafraîchir.
Tout le monde, sauf Iain, remonta ensuite sur la scène, au milieu d'une forêt de pieds de micros, de fils élecrtiques, de bouteilles d'eau... Et Eric semblait toujours aussi tendu. Il commença par la sublime chanson de Tom Paxton, "Last Thing On My Mind", qu'ils avaient interprétée ensemble le 29 janvier dernier. Ad était assis dans un coin de la scène, sur le tabouret du piano électrique, aussi à l'aise assis avec Eric qu'il l'était debout avec Iain. Ce dernier, au pied de l'escalier, derrière Hervé, ne perdait pas une miette de la prestation de ses amis.
Au prix de quelques efforts pour bouger sa carcasse, Eric passa au piano, pour "Don't It Wanna Make You Sing The Blues", puis plus tard pour "Blue River", ne semblant se décontracter que petit à petit... Cela dit, le plaisir était quand même réel pour le public...
Les minutes passaient, trop vite. Et Eric, après quelques remerciements sincères pour Hervé dit aussi son attachement au lieu et aux perres millénaires qui le font paraître plus jeune. Il appela ensuite Iain à venir faire le cinquième sur la scène pour un tarot interpréter ensemble (avec les 3 autres) "Close The Door Lightly". Tout un symbole. Le titre était particulièrement adapté aux ciconstances (le lendemain, d'ailleurs, le concert se termina sur ce morceau, avec Hervé en guest-star - j'imagine son émotion). Et c'était aussi un symbole pour moi car j'avais découvert Eric Andersen par ce titre interprété par Ian Matthews (il ne s'appelait pas encore Iain) sur l'album "Tigers Will Survive" en 1972
Il y eut encore 2 titres, dont l'indémodable "Thirsty Boots", et Eric semblait enfin heureux de chanter. Et Iain, sur la scène, le regardait avec l'oeil ravi d'un fan.
Et ce fut l'heure de refermer la porte, doucement...
Mais aparavant, chacun vint pour un rappel. Ce fut d'abord Iain, seul avec son micro (la guitare était rangée) qui interpréta "Galway To Graceland" de Richard Thompson. Et la bande des quatre reprit à son tour possession de la scène pour une interprétation mémorable et endiablée - Eric semblait dès lors prêt pour le concert du lendemain - d'un titre ancien: "Hey Babe Have You Been Cheatin'".
Cette fois, c'était bien terminé, pour moi du moins, car je ne serais pas là le 2 juillet...
 En 1991 est paru "Down To Bastrop" (évoqué par Bo le 16 quand il a joué "555x2" extrait de cet album). Ce disque, que j'ai découvert il y a quelques jours (téléchargement sur
En 1991 est paru "Down To Bastrop" (évoqué par Bo le 16 quand il a joué "555x2" extrait de cet album). Ce disque, que j'ai découvert il y a quelques jours (téléchargement sur  Elle le sont encore dans l'album suivant, enregistré live en 1995 (sauf "Clap Hands" de Tom Waits, enregistré en 1994) sous le titre de "Bo Ramsey and The Backsliders". On trouve 2 reprises de Greg Brown, dans l'édition européenne du moins ("One Wrong Turn" et "Get Themselves Up"), "Shake Your Hips" (interprété par Slim Harpo ou les Rolling Stones) et une première mouture de "I Don't Know", au rythme enlevé. Le texte de cette chanson est toujours très actuel, ce qui explique sans doute pourquoi Bo Ramsey l'a reprise dans "Fragile", paru il y a quelques jours:
Elle le sont encore dans l'album suivant, enregistré live en 1995 (sauf "Clap Hands" de Tom Waits, enregistré en 1994) sous le titre de "Bo Ramsey and The Backsliders". On trouve 2 reprises de Greg Brown, dans l'édition européenne du moins ("One Wrong Turn" et "Get Themselves Up"), "Shake Your Hips" (interprété par Slim Harpo ou les Rolling Stones) et une première mouture de "I Don't Know", au rythme enlevé. Le texte de cette chanson est toujours très actuel, ce qui explique sans doute pourquoi Bo Ramsey l'a reprise dans "Fragile", paru il y a quelques jours: En 1997, paraît "In The Weeds", le premier CD pour moi. Ce disque marque un tournant dans le style. À la fois moins blues et moins rock, tout en restant marqué par ces styles, l'ensemble est plus laid-back, plus paresseux, pas loin de J.J. Cale ou de Tony Joe White ou, pour ce qui est de l'aspect production, de Daniel Lanois. Le jeu de guitare s'est affiné et préfigure le Bo Ramsey entendu à la Pomme d'Ève. Les Backsliders sont là (Steve Hayes, Marty Christensen et Al Schares) ainsi que des invités plus connus: Kelly Joe Phelps et David Zollo (autre célébrité de la scène musicale de l'Iowa) et même Lucinda Williams (non créditée, elle chante sur "Desert Flower" qui lui est dédié). Des titres comme "Sidetrack Lounge" et 2 co-signatures de Greg Brown ("Ain't It Hard" et "Forget You") sont à noter, mais l'ensemble est très cohérent dans sa qualité. Cet album permet aussi à Bo Ramsey de prendre confiance en son talent de lyriciste qui s'est développé lors de son travail avec Miss Williams. Sans doute Bo nourrissait-il un complexe vis-à-vis de son ami Greg Brown, un maître en la matière.
En 1997, paraît "In The Weeds", le premier CD pour moi. Ce disque marque un tournant dans le style. À la fois moins blues et moins rock, tout en restant marqué par ces styles, l'ensemble est plus laid-back, plus paresseux, pas loin de J.J. Cale ou de Tony Joe White ou, pour ce qui est de l'aspect production, de Daniel Lanois. Le jeu de guitare s'est affiné et préfigure le Bo Ramsey entendu à la Pomme d'Ève. Les Backsliders sont là (Steve Hayes, Marty Christensen et Al Schares) ainsi que des invités plus connus: Kelly Joe Phelps et David Zollo (autre célébrité de la scène musicale de l'Iowa) et même Lucinda Williams (non créditée, elle chante sur "Desert Flower" qui lui est dédié). Des titres comme "Sidetrack Lounge" et 2 co-signatures de Greg Brown ("Ain't It Hard" et "Forget You") sont à noter, mais l'ensemble est très cohérent dans sa qualité. Cet album permet aussi à Bo Ramsey de prendre confiance en son talent de lyriciste qui s'est développé lors de son travail avec Miss Williams. Sans doute Bo nourrissait-il un complexe vis-à-vis de son ami Greg Brown, un maître en la matière. Un silence de 9 ans s'ensuivit. Silence tout relatif puisque, pendant ce temps, Bo Ramsey a beaucoup travaillé pour et avec d'autres. Toujours est-il qu'en 2006, "Stranger Blues" est publié, co-produit par Bo Ramsey et Pieta Brown (qui joue et chante aussi sur le disque). C'est d'ailleurs une affaire de famille puisque le papa de Pieta, Greg, est là, ainsi que les 2 fils de Bo, Alex et Benson.Il y a aussi les amis, dont David Zollo et Steve Hayes. Ce disque est un "labor of love", et cela s'entend, hommage aux maîtres du blues qui ont nourri le jeune Bo. On trouve, pêle-mêle Muddy Waters, Elmore James, Howlin' Wolf, Little Walter, Willie Dixon, Elizabeth Cotten, Jimmy Reed, Sonny Boy Williamson... Et c'est une vraie réussite! Les maîtres peuvent être fiers de l'élève.
Un silence de 9 ans s'ensuivit. Silence tout relatif puisque, pendant ce temps, Bo Ramsey a beaucoup travaillé pour et avec d'autres. Toujours est-il qu'en 2006, "Stranger Blues" est publié, co-produit par Bo Ramsey et Pieta Brown (qui joue et chante aussi sur le disque). C'est d'ailleurs une affaire de famille puisque le papa de Pieta, Greg, est là, ainsi que les 2 fils de Bo, Alex et Benson.Il y a aussi les amis, dont David Zollo et Steve Hayes. Ce disque est un "labor of love", et cela s'entend, hommage aux maîtres du blues qui ont nourri le jeune Bo. On trouve, pêle-mêle Muddy Waters, Elmore James, Howlin' Wolf, Little Walter, Willie Dixon, Elizabeth Cotten, Jimmy Reed, Sonny Boy Williamson... Et c'est une vraie réussite! Les maîtres peuvent être fiers de l'élève. Et tout récemment est paru "Fragile". Ce CD, co-produit de nouveau avec Pieta Brown, comporte 11 titres originaux (5 composés par Bo et 6 écrits avec Pieta Brown). C'est véritablement le disque de quelqu'un qui a trouvé sa voie (et sa voix) et sa maturité artistique. L'évolution peut être mesurée à l'écoute de la nouvelle version de "I Don't Know", plus lente et étirée que la précédente. Tout est en nuances, en atmosphère, et chaque écoute de l'album permet d'en découvrir, petit à petit, toutes les subtilités.
Et tout récemment est paru "Fragile". Ce CD, co-produit de nouveau avec Pieta Brown, comporte 11 titres originaux (5 composés par Bo et 6 écrits avec Pieta Brown). C'est véritablement le disque de quelqu'un qui a trouvé sa voie (et sa voix) et sa maturité artistique. L'évolution peut être mesurée à l'écoute de la nouvelle version de "I Don't Know", plus lente et étirée que la précédente. Tout est en nuances, en atmosphère, et chaque écoute de l'album permet d'en découvrir, petit à petit, toutes les subtilités.






