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mark erelli

  • MARK ERELLI: DELIVERED

    Le Mark nouveau est arrivé!

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    Mark Erelli est un auteur-compositeur, chanteur et guitariste dont j'ai  parlé à plusieurs reprises sur ce blog.

    Il y a eu tout d'abord "Aimons-les vivants", en août 2006, où je présentais les 5 albums studio publiés par cet artiste que j'avais découvert depuis peu grâce à mon marché sur internet.

    Il y eut ensuite, en novembre de la même année, "Innocent When You Dream", titre de l'album de "berceuses et chansons d'amour", nouveau CD de Mark composé essentiellement de reprises et inspiré à l'artiste par sa prochaine paternité. Pour l'anecdote, la traduction (maladroite) que j'avais faite des notes du livret avait été reprise par Jacques-Eric Legarde (qui en même temps renvoyait vers mon blog) dans sa chronique du disque pour Crossroads.

    Puis ce fut "Mark... Enfin!" en janvier 2007 et l'annonce du concert du 18 février à la Pomme d'Ève.

    Ce concert eut lieu et fut magnifique. Mark y démontrait son talent en tant qu'artiste à part entière mais aussi sa capacité à accompagner quelqu'un qu'il ne connaissait pas quelques jours auparavant, en l'occurrence Hayes Carll (qui vient d'ailleurs de publier un excellent troisième disque: "Trouble In Mind"). J'en fis un compte rendu en 2 parties: "La Pomme d'Ève, 18 février 2007 (première partie)" et "Eve's Apple, February 18, 2007 (part 2)".

    Depuis, plus rien. À cela au moins 2 bonnes raisons.

    La première est la naissance du fils de Mark qui entendait lui consacrer le temps qu'il méritait.

    La seconde est que Mark se mit à préparer un nouvel enfant, son prochain disque. Mais les choses étant ce qu'elles sont et la crise du disque étant ce qu'elle est, Mark choisit, afin de conserver son indépendance artistique et de ne point s'endetter auprès des banques,  de faire co-financer son album par ceux qui appréciaient sa musique. Il lança donc sur son site web un appel à ses visiteurs qu'il appela "Barn raising" (par analogie avec la démarche solidaire qui existait dans l'agriculture nord-américaine aux 18ème et 19ème siècles).

    Nous fumes un certain nombre (180 je crois) à répondre à cet appel avant début 2008 et à attendre les nouvelles de l'oeuvre future.

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    Les informations furent délivrées au fur et à mesure, les dates se précisaient. Le titre de l'album fut enfin connu, très approprié aux circonstances de sa naissance: "Delivered".

    Le 7 mai, je reçus enfin l'affiche autographiée et puis, quelque temps après, les "Barn Raisers" américains recevaient le précieux CD.

    Mes 2 exemplaires, eux aussi autographiés "Merci Pascal" me parvinrent le 28 mai et je pus enfin écouter "Delivered".

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    11 titres: "Hope Dies Last", "Baltimore", "Shadowland", "Volunteers", "Five Beer Moon", "Not Alone", "Delivered", "Man Of The Family", "Once", "Unraveled", "Abraham".

    Mark chante, joue de l'harmonica et de guitares diverses, accompagné par quelques musiciens de talent au premier rang desquels Zack Hickman, connu pour son travail avec Josh Ritter, qui produit également le disque.

    Mister Erelli confirme son talent de mélodiste, tantôt doux et tendre comme dans "Hope Dies Last" ou "Man Of The Family", tantôt plus rock 'n' roll. À noter également le très dylanien "Once".

    Il démontre aussi qu'il est un parolier de talent qui sait dire ce qu'il a à dire comme dans "Volunteers" composée peu de temps avant son passage à Paris et que nous avions eu le privilège d'entendre.

    Et puis il y a "Abraham" qui clôt l'album où Mark demande à Abraham (Lincoln) de se lever de son trône de marbre ("Oh Abraham / Rise up from your marble throne") pour venir sauver son pays. "...But we need someone to guide us / For we've never been so lost and so alone / Oh Abraham".

    Chanson de désanchantement plus que de colère, espoir sans illusion: "Say it wasn't all in vain / Though I understand / Why another wise man won't come forward / When all the others were rewarded / With a bullet in the brain". Allusion non voilée à la mort d'Abraham Lincoln mais aussi à celle des frères Kennedy.

    Un bien beau disque, malgré le pessimisme du morceau final.

    Une mauvaise nouvelle, cependant: le CD ne sera disponible dans le commerce que début septembre. D'ici-là, j'aurai eu le temps d'user le mien!!!

    Ah, j'oubliais, les heureux "Barn Raisers" ont eu droit à un CD de 11 titres en prime, intitulé... "Barn Raising". "A collection of unreleased outtakes, alternate versions, first drafts and near misses".

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    On y trouve en particulier des versions alternatives de 3 titres de "Delivered" ainsi que "Unconditionally", co-composé avec Lori McKenna et Ron Sexsmith (lui-même publie un nouveau disque - à ne pas manquer - cet été).

     

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    Elle est pas belle, la vie?

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  • Eve's Apple, February 18, 2007 (part 2)

    Hayes & Mark croquent la Pomme 

    Voici donc où j'en étais ce dimanche (un vrai dimanche d'été sur Paris) vers 19H00. En fait, à 19H00, il faisait frisquet près de St Etienne du Mont et du Panthéon (à l'ombre duquel nous degustames une rapide collation).

    À vrai dire, ma curiosité m'avait, la veille, poussé à voir (et entendre) comment Hayes Carll sonnait sans orchestre. Et j'avais trouvé sur la toile un concert fort sympathique enregisté au Texas le 30 novembre dernier.

    (13 titres (Hayes seul à la guitare sur 8 d'entre eux et avec une discrète steel guitar pour les autres) parmi lesquels "I Don't Wanna Grow Up" de Tom Waits, "Worry B Gone" de Guy Clark, "Bill Morrissey Falls In Love At First Time" de Bill Morrissey, et puis bien sûr quelques compositions de Hayes dont le joyeux "Good Friends" ou le lancinant "Arkansas Blues".

    Ce que j'avais entendu me démontrait que les univers de Mark et Hayes avaient finalement beaucoup de convergences. Et ce que je vis (entendis) en arrivant à la Pomme un peu avant 19H00 le confirma. Personne en haut de l'escalier, mais le son de guitares (au pluriel) qui répétaient. Et Hervé monta pour l'accueil de ses invités et nous dit avec un grand sourire que les deux nouveaux compères allaient lui faciliter la tâche. Pas de problème de préséance, ils allaient chanter ensemble. Comment? C'était la surprise pour tout le monde.

    Au bas de l'escalier, se trouvent les toilettes, ce qui a son importance. En effet, attendant à la porte, j'en vis sortir un grand gaillard blond et barbu qui me salua gentiment. Et moi de lui répondre "Bonsoir Mister Carll". Regard surpris. Tiens, quelqu'un qui me connaît en France. Et moi: "I love your albums" (notez l'originalité de la réplique). Lui: "Oh! What's your name?". J'ai dû lui avouer que j'étais Français, la rencontre avec ses compatriotes serait pour plus tard. Puis vint dans le sens inverse un gaillard brun, aux cheveux plus longs, qui me dit, en Français "Bonjour". À quoi je repondis: "Bonsoir Monsieur Erelli" (toujours des répliques à la Audiard). Mais Mark ne sembla pas surpris que je le reconnaisse, il s'était déjà produit à la Pomme d'Ève en 2005 (à l'époque, je ne le connaissais pas encore). Ces deux garçons paraissaient en tout cas très simples et très sympathiques.

    Ce fut l'attente, un peu longue. Sur la scène, 2 chaises côte à côte, 2 guitares, 2 micros. Puis la salle se remplit peu à peu. Si l'on excepte Hervé, quelques piliers du club et nous, les francophones devaient se compter sur les doigts d'une main. Tant pis pour les autres, ils ont manqué un grand moment.

    Enfin, un peu après 20H30, ce fut l'introduction des 2 artistes, Hayes à gauche, Mark à droite. Ce dernier prit la parole en premier, et attaqua vite "Undone" extrait de "Hope & Other Casualties". À ce stade, deux constats: Hayes était à côté, attentif et se contentant de mimer des accords, et la guitare de Mark avait un son un peu bizarre (qui, si j'en crois Hervé, surprit même le preneur de son) – mais cela s'arrangea très vite. Le deuxième morceau fut pour Hayes (je ne l'ai pas identifié, et pour cause car il s'agit d'une nouvelle composition encore sans titre).

    medium_hayes-mark-05_small.jpgEt là, on comprit très vite que l'on passerait une grande soirée. D'abord parce que Hayes Carll, sur scène, confirme tous les espoirs qu'ont laissé naître ses disques. Et puis parce que Mark (qui mériterait le prix Nobel de la camaraderie) jouait sur ce morceau, comme il le fit pour les autres dans la soirée, le rôle d'un sideman du plus haut niveau. Pour ceux qui le connaissent un peu, ce n'est qu'un demi-suprise car c'est ainsi qu'il joue très régulièrement lorsqu'il tourne dans son pays natal. La soirée allait se dérouler ainsi, "in the round", i.e. chacun son tour.

    "Evening's Curtain", "Hey Baby Where You Been" puis Mark empoigna sa mandoline pour "Imaginary Wars" et la conserva pour accompagner Hayes sur "Bill Morrissey Falls In Love At First Time" de Bill Morrissey. Il y eut ensuite "Birches" et "Little Rock" (avec Mark à l'harmonica), un nouveau titre "Volunteers" que Mark annonça comme son prochain "MP3 of the month" (et un grand morceau dont le texte va sans doute faire plaisir à GWB).medium_mark-04_small.jpg

    Arriva la pause prise par les deux complices (on peut le dire) sur un morceau de Hayes "Wish I Hadn't Stayed So Long" (à ne pas prendre au premier degré, bien sûr). Dans la salle, au bar, ce fut un vrai moment de convivialité dans cette ambiance si particulière de la Pomme (sans tabac, ce serait encore mieux). La pause est aussi le moment pour les artistes de vendre quelques CD; Hayes l'annonça en faisant remarquer que contrairement à Mark, il n'en avait apporté qu'un ("Little Rock") et qu'il ne fallait pas oublier de l'acheter...

    Retour des désormais duettistes pour 4 titres chacun, toujours "in the round", un "Arkansas Blues" très Dylanesque répondant au percutant "Troubadour Blues".

    Puis ce fut le premier rappel ("Un titre chacun car nous n'avons pas eu le temps d'en apprendre un en commun"), et un second "encore" sur le même principe. Et la soirée s'acheva, pour Mark, sur "The Only Way" (titre post 11 septembre qui arracha les applaudissements des Américains présents) et, pour Hayes, sur "Rivertown" composé avec Guy Clark.

    Que dire de plus: que ce fut une grande soirée? Le mot est trop faible. Il y avait quelque chose d'exceptionnel dans ce concert. Deux types qui ne se connaissaient pas un semaine avant et qui s'entendent si bien sur scène, cela ne doit pas se produire tous les jours. Le mérite en revient principalement à Mark dont la "musicienneté" (© Quiet Man 2007) éclatait sur chaque morceau, qu'il seconde Carll à la guitare, à la mandoline, à l'harmonica ou aux harmonies vocales. Et l'on sentait la réelle admiration teintée de rconnaissance de Hayes qui comprenait bien la dimension supplémentaire apportée par Mark à des compositions qui en elles-mêmes volent déjà très haut.

    medium_hayes-01_small.jpgMais Hayes est de son côté un des plus grands talents à émerger du Texas, et bien au-delà, ces dernières années. Pour moi, il est déjà au niveau de John, Townes, Guy, Steve, Tom, Greg et les autres. Il ajoute en plus une certaine dose d'humour (mais il parle moins bien Anglais que Iain Matthews donc je n'ai pas tout compris) notamment lorsqu'il évoque l'architecture de la salle et dit que, s'il joue mal, il a peur d'être enfermé dans le donjon!

    Musicalement, les deux hommes se rejoignent sur de nombreux points et notamment en ce qui concerne les reprises. Ils ont la même admiration pour Bill Morrissey (qui va mieux, merci) dont ils ont interprété 3 titres. Hayes en est un fan depuis ses "college days" en Arkansas et Mark se souvient d'avoir reçu par la poste une cassette de Robert Earl Keen (Junior, a-t-il précisé), autre Texan, portant un T-Shirt à l'effigie de Bill. Et Mark a chanté "I'll Be Here In The Morning" du Texan Townes Van Zandt, un des "maîtres" de Hayes. Ils ont aussi des registres vocaux complémentaires et différents, ce qui a fait passer la soirée encore plus vite.

    Vous savez quoi? Ce fut une grande soirée de musique… Et, en prime, pour une fois, vous aurez droit à la liste des titres interprétés en ce dimanche soir, rien que pour vous faire regretter de n'avoir point été présents…

    Mark: "Undone" / Hayes: Nouvelle chanson, sans titre: "I hope you understand" (?) / Mark: "Evening's Curtain" / Hayes: "Hey Baby Where You Been" / Mark: "Imaginary Wars" avec  mandoline / Hayes: "Bill Morrissey Falls In Love At First Sight" (Bill Morrissey) avec Mark à la mandoline / Mark: "Birches" (Bill Morrissey) / Hayes: "Little Rock" avec Mark à l'harmonica / Mark: "Bend In The River" / Hayes: "Willing To Love Again" / Mark: "Volunteers" / Hayes: "Wish I Hadn't Stayed So Long".

    Break

    Mark: "River Road" / Hayes: "It's A Shame" / Mark: "Troubadour Blues" / Hayes: "Arkansas Blues" / Mark: "I'll Be Here In The Morning" (Townes Van Zandt) / Hayes: "Good Friends" / Mark: "Passing Through" / Hayes: "The Long Way Home"

    First Encore - Mark: "A Case Of You" (Joni Mitchell) / Hayes: "Live Free Or Die" (Bill Morrissey) avec SuperMark à la mandoline

    Second Encore - Mark: "The Only Way" / Hayes: "Rivertown"

  • La Pomme d'Ève, dimanche 18 février 2007 (première partie)

    Mark Erelli & Hayes Carll

     

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    10 jours après le passage de Iain Mathews, mous revoici dans le temple de la musique acoustique anglophone. Encore une soirée alléchante en perspective avec 2 artistes prometteurs de la nouvelle génération de la folk américaine. Ian (Iain) Matthews, je suis familier de sa musique depuis 35 ans.

    En revanche, Mark Erelli et (Joshua) Hayes Carll, je ne les connais respectivement que depuis juillet et août 2006. Ian, je l'avais découvert tout bêtement chez un disquaire après avoir lu des articles sur lui dans la presse musicale de l'époque. Sa reprise de "Woodstock" (de Joni Mitchell, que Crosby, Stills, Nash & Young avaient également interprétée) avait en effet été un grand succès de Matthews' Southern Comfort en Angleterre.

    Pour ses jeunes confrères, ce fut différent car désormais je fais mes emplettes musicales après avoir feuilleté le grand catalogue d'internet. Et de lien en lien, j'ai découvert tour à tour Jeffrey Foucault, Chris Smither, Mark Erelli et quelques autres, tous artistes d'une grande et même famille. Quant à Hayes Carll, j'avais aperçu son nom comme co-signataire d'un titre de Jack Ingram et, lorsqu'un lien à partir de Guy Clark me renvoya vers lui, j'eus envie de le connaître.

    Mark Erelli, né dans le Maine, j'en ai déjà parlé ici à 2 reprises: pour présenter ses 5 premiers albums dans une note intitulée "Aimons-les vivants", puis pour "Innocent When You Dream".

    Mais Mark Erelli, en plus d'être un guitariste, chanteur, auteur-compositeur de talent, est aussi quelqu'un qui aime faire partager son amour de la musique. Pour preuve, son site internet sur lequel il publie en début de chaque mois un "MP3 of the month". Plus de 60 titres ont déjà ainsi été mis en ligne depuis 2001 (on peut toujours les télécharger gratuitement) et, en plus de ses propres compositions dans des versions alternatives ou inédites, il reprend les auteurs qu'il aime, célèbres ou non. Ont déjà ainsi eu l'honneur d'une interprétation Markante: Jackson Browne, Doc Pomus & Mort Shuman, Nick Lowe, Bob Dylan, Bill Morrissey, Bruce Springsteen, Dave Carter, Chuck Berry, Cindy Walker, Roy Orbison, Gillian Welch & David Rawlings, John Hiatt, Townes Van Zandt, Joni Mitchell, Joni Cash, Patty Griffin, Jimmie Rodgers, Robbie Robertson, Hank Thompson, Ron Sexsmith, Marvin Gaye, Chris Smither, Willie Nelson, John Lennon & Paul McCartney, Hank Williams, Tom Waits, Richard Thompson, Neil Young, Bruce Cockburn…

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    Hayes Carll, lui, est Texan. Le Lone Star State a produit quelques uns des plus grands songwriters contemporains: Townes Van Zandt, Guy Clark, Steve Earle, Robert Earl Keen Jr. et bien d'autres encore. Disons-le tout de go, Hayes Carll appartient à cette noble confrérie. Quand on sait qu'il revendique en plus des influences telles que celle de Bob Dylan ou de John Prine, on sait qu'on a affaire à un sérieux client.

    Les 2 premiers albums de Mr. Carll le démontrent dès la première écoute. "Flowers And Liquor" (2002) contient 12 titres, pour la plupart enregistés avec un groupe, dont la reprise de "Live free or die" de Bill Morrissey. Certaines compositions le placent déjà au niveau de ses glorieux ainés: "Arkansas Blues", un des titres les plus dépouillés, vaut ce que Steve Earle a fait de mieux.

    La barre avait été placée haut après ce premier album mais"Little Rock" (2006) fait mieux que relever le défi. Il nous propose onze tites composés ou co-composés par Hayes Carll. En l'occurrence, il a pour camarades de jeu Ray Willie Hubbard (pour "Chickens") et Guy Clark (pour "Rivertown") venus co-composer un morceau avec lui. L'homme est aussi à l'aise dans les ballades que les morceaux plus enlevés; du blues au western swing, toute l'imagerie du songwriter texan est présente, et de belle manière!

    Et Hayes avait refusé l'offre d'un label qui lui proposait un contrat pour plusieurs albums préférant garder son indépendance artistique. Stetson bas, Mr. Carll.

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    La question que je me posais en arrivant était de savoir qui allait être la vedette de la soirée, entre ces artistes qui, de surcroît ne se connaissaient pas quelques jours avant. Une lecture attentive de Crossroads #51 (qui vient de paraître) m'avait en effet appris qu'ils n'étaient unis pour une mini-tournée européenne que pour des raisons commerciales, leurs disques étant distribués par le même label (Rounder Europe, qu'il faut citer) sur notre continent en ayant chacun seulement vaguement entendu parler de l'autre. Comment des artistes à la culture musicale a priori si différente (quoi que...) allaient-ils pouvoir cohabiter sans problème d'ego?

    Voici donc où j'en étais ce dimanche (un vrai dimanche d'été sur Paris) vers 19H00. La suite dans peu de temps…

  • Innocent when you dream

    "Lullabies and love songs"

     

    medium_Innocent.jpg"Innocent when you dream", c'est le titre d'une chanson de Tom Waits. C'est aussi celui du nouvel album de Mark Erelli (sous-titré "berceuses et chansons d'amour"). Ce disque n'est disponible qu'aux concerts de Mark ou sur son site web (http://www.markerelli.com).

    Voici ce qu'en dit l'auteur: "Ce projet n'était pas conçu pour être plus qu'un simple cadeau destiné aux nombreux amis devenus récemment nouveaux parents. La plupart des titres ont été enregistrés tard la nuit en juste quelques prises, chantés et joués très doucement afin de ne pas réveiller ma femme endormie. J'ai évité les berceuses traditionnelles, préférant des chansons pleines de tendresse de quelques uns de mes auteurs favoris. Il y eut suffisamment de gens emballés par les interprétations pour que je sois convaincu de les partager avec vous. Je suis content de l'avoir fait. L'innocence, le confort, la paix, la sécurité, le mystère, la fantaisie, l'amour, et les rêves doux... peu importe l'âge, nous avons tous besoin de ces choses autant qu'il est possible".

    Les auteurs repris: Tom Waits "Innocent when you dream", Deb Talan ("Comfort"), Tom Petty ("Alright for now" avec la participation de Jeffrey Foucault), Wilco ("My darling"), James Taylor ("You can close your eyes"), Jesse Winchester ("Defying gravity"), Townes Van Zandt ("I'll be here in the morning") et mesdames Shawn Colvin ("I don't know why") et Kris Delmhorst ("Lullaby 101") . Et puis 2 titres signés Erelli ("Tired eyes" et "Little torch"), quand même.

    30 minutes de douceur et de tendresse, à écouter au cœur de la nuit, quand le silence est la plus belle des mélodies.

    Et vous pouvez écouter cet album en lisant le nouveau numéro de "Crossroads" qui vient de paraître. Le seul magazine où l'on parle de la musique que j'aime (mais pas seulement de celle-là). Intervew de Tim Easton, chroniques de CD de John Gorka; Dave Carter & Tracy Grammer; Kane, Welch & Kaplin; T-Bone Burnett... On croirait lire le blog de Quiet Man... en mieux!!!

     

     

  • Aimons les vivants... MARK ERELLI

    N'attendons pas que la mort leur donne du talent…

    Qu'on me pardonne cette paraphrase d'une chanson de François Valéry (!) mais depuis quelque temps ce blog a des allures de rubrique nécrologique alors que beaucoup de choses continuent à se passer et que beaucoup d'artistes sont à découvrir.

    La première page d'une longue (?) série sera consacrée à Mark Erelli, originaire de Western, Massachussetts, un de ces songwriters américains de talent qui restent presque inconnus (pas tout à fait, cf. Hervé http://www.acousticinparis.com/) de ce côté de l'Atlantique.

    medium_Mark_Erelli_1.jpgMARK ERELLI (1999)

    Mark Erelli est apparu sur la scène musicale en 1999 avec un album éponyme chez Signature Sounds obtenant à l'occasion un joli succès critique. Dix compositions de sa plume avec un son folk-rock du meilleur goût, des textes évoquant essentiellement le quotidien et de réelles qualités de chanteur démontrées dans des titres comme "Do It Everyday", "River Road" ou "Northern Star". Une excellente introduction pour un talent nouveau.

     

     

     

    medium_Compass.jpgCOMPASS & COMPANION (2001)

    La réputation de Mark Erelli comme auteur-compositeur-interprète fut confimée deux ans après par "Compass & Companion". Cet album est musicalement plus varié que le premier, "Why Should I Cry" est un bon moment de Western Swing avec une intéressante partie de guitare, alors que "Compass and Companion" et "Before I Knew Your Name" sont du folk pur jus. Parfois doucement en colère ("Free Ride"),  Mark démontre aussi son sens de l'humour dans le prenant "Little Sister".  Quel que soit le thème abordé, le sens mélodique est toujours présent et cet album ne déçoit pas les fans de la première heure. À la suite de cette parution, Erelli s'est produit dans de nombreux shows et festivals à travers les Étas-Unis (jusqu'à l'Alaska), partageant l'affiche avec Gillian Welch, Dave Alvin, Buddy & Julie Miller ou John Hiatt.

    medium_Memorial_Hall.jpgTHE MEMORIAL HALL RECORDINGS (2002)

    Son troisième album, Mark Erelli choisit de l'enregistrer au  Memorial Hall, bâtiment du Massachussetts datant de 1884. L'ambiance est différente, le mode d'enregistrement (plus "live", sans overdub, en une semaine seulement) aussi. Le son est dépouillé. Des airs traditionnels comme "The Drinking Gourd" ou "Blue-Eyed Boston Boy" voisinent avec des compositions originales et des morceaux empruntés à d'autres songwriters de la Nouvelle Angleterre. "Dear Magnolia" renvoie à la guerre de sécession et "Devil's Train" à l'imagerie puritaine de la religion. À noter aussi "Ichabod" qui dure plus de 8 minutes et l'excellente reprise de "Summer Night" de Bill Morrissey.

    medium_Hillbilly_Pilgrim_cover.jpgHILBILLY PILGRIM (2004)

    "Hillbilly Pilgrim" est un titre adapté à l'ambiance de l'album qui navigue en permanence entre western swing et honky tonk, avec quand même quelques passages par le folk.  Le violon sur le titre d'ouverture, "Brand New Baby" ou les guitares de "Pretend" confèrent à l'ensemble un aspect "hootenanny". Musicalement, tout est bien en place, l'ensemble s'écoute sans effort, mais on a l'impression que Mark Erelli cherche un peu son identité. "A Bend in the River" est l'un des meilleurs titres alors que d'autres manquent peut-être un peu de personnalité. La présence vocale de Kris Delmhorst et Mark Armerding sur "Pilgrim Highway" ou de Erin McKeown sur "Pretend" ajoute quelque chose de spécial à l'album. Tout est là, Mark Erelli a tout d'un grand, il lui suffit juste de creuser un peu plus profond.

     medium_Hope_Other.jpgHOPE & OTHER CASUALTIES (2006)

    Mark Erelli a écrit "The Only Way" peu après le 11 Septembre 2001 en réponse à ce qui se passait autour de lui, laissant en gestation l'idée de cet album. Les 9 autres titres de sa plume sont nés en 2005 durant les 10 mois passés en studio (une cave) par  Erelli et le producteur Lorne Entress (Erelli joue 11 instruments, Entress 7).  Ajoutez à cela, pour clore le disque, la reprise de l'excellentissime Ron Sexsmith ("God Loves Everyone") et vous obtiendrez une collection de 11 titres souvent poignants dans lesquels l'auteur invite l'auditeur à penser aux autres et à regarder vers le futur (plutôt que de se contempler le nombril), à se poser des questions sur le comportement de l'Amérique et des Américains de l'ère moderne. Erelli se demande où va le monde et se retourne avec émotion sur le temps qui fuit. Rien de révolutionnaire dans cet album, mais ce que Mark Erelli fait, il le fait bien, dans la meilleure tradition du folk moderne. Un disque à écouter et ré-écouter, assurément. À signaler la présence des amis: Jeffrey Foucault, Kris Delmhorst, Peter Mulvey ou Lori McKenna qui joignent leurs voix à celle de Mark.

    Pour plus d'informations, une visite s'impose au site de Mark. http://www.markerelli.com .