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Rugby

  • Merci Bernard

    Ou tout ce que l'on ne vous a pas dit sur la coupe du monde de rugby

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    Depuis bien avant le 7 septembre, date de la défaite de l'équipe de France contre l'Argentine, on nous rebat les oreilles avec ce grand évènement. On a voulu nous faire croire que "nous" allions être champions du monde, que nous étions les plus beaux, que nous avions le meilleur coach, etc... On était loin de 1998 et de la coupe du monde de football où chacun tapait à qui mieux mieux sur "Mémé" Jacquet et son équipe...

    Nous allions commencer par écraser les Pumas et la route vers la finale contre les All Blacks serait grande ouverte... Quelques amateurs un peu éclairés ont bien tenté de faire entendre leur voix pour dire que tout ne serait pas si simple, que l'Argentine nous battait régulièrement, mais en vain...

    Je ne vais pas vous raconter la compétition, l'overdose est déjà là! Simplement, je vais vous parler de "ma" coupe du monde de rugby.

    Tout d'abord, il convient de redonner à l'évènement sa juste valeur. Le rugby n'est qu'un sport régional. Faites le compte: les 3 grands de l'hémisphère Sud auxquels on ajoutera l'Argentine (et en Argentine, le rugby est loin derrière d'autres sports), les îles britanniques qui arrivent à faire 4 équipes avec 2 états, la France (enfin, un quart de la France), l'Italie (à peine), quelques archipels polynésiens et l'on a fait le tour du monde. Les autres sont à peu près au niveau du Luxembourg ou des îles Feroë en football.

    En matière de sports collectifs, le rugby est donc loin (sans parler du football) derrière le basket-ball, le handball ou le volley-ball.

    Les matches? Soit il s'agissait de mascarades, tellement les affiches étaient déséquilibrées, soit il s'agissait de "combats entre hommes", comme se plaisaient à le souligner les commentateurs pour bien nous faire comprendre que nous n'étions que des béotiens s'il nous advenait de nous ennuyer devant les téléviseurs.

    L'équipe de France? Elle a été à l'image de son coach: sans imagination, se contentant de décliner les consignes sans comprendre qu'en sport comme ailleurs ce ne sont pas les systèmes qui font les hommes mais les hommes qui font les systèmes. Bien sûr, comme chacun, je me suis réjoui de la victoire contre la Nouvelle-Zélande (je n'ai regardé que les dernières minutes), oubliant que l'arbitre (Anglais, donc qui pouvait choisir l'adversaire de son équipe pour les demi-finales) avait oublié de siffler 3 fautes contre la France en fin de match (2 pénalités et l'en-avant précédant l'essai victorieux).

    Mais je me suis presque réjoui de la défaite contre nos ennemis favoris. Cette équipe-là, refusant le jeu, ne méritait pas d'aller plus loin (l'Angleterre non plus, c'est vrai). Et ce soir-là, j'ai eu envie de crier "Merci Bernard". Grâce à toi, la défaite n'a pas été triste.

    Sans doute pensez-vous que je n'aime pas le rugby? Eh bien c'est une erreur, c'est justement parce que j'aime ce sport que j'ai eu envie d'écrire ces quelques lignes. Bien sûr, je suis Lorrain, donc je ne peux rien connaître au rugby. Mais la ville où j'ai vécu ma jeunesse était une ville de garnison et beaucoup de militaires venaient du Sud-Ouest. Il y avait donc à Verdun une bonne équipe de rugby, à l'accent chantant (troisième division nationale de l'époque). Cette équipe a même formé un futur international (Meusien de pure souche), Michel Vannier dit "Brin d'Osier" qui joua arrière de l'équipe de France à la charnière des années 50 et 60 (malheureusement, il fut cassé par les Springboks lors d'une tournée en 1958). Très rapide, excellent buteur, il fut longtemps le meilleur réalisateur de l'équipe de France avant d'être détrôné par Thierry Lacroix. Il faut noter qu'il était très critiqué en France et très apprécié par les Anglais!

    J'ai donc souvent assisté à des matches de rugby avec mes parents et il m'est même arrivé d'y jouer au lycée (car les profs d'EPS venaient aussi du Sud Ouest).

    Et puis, il y a des choses bien au rugby. Si tous les supporters, de tous les sports, pouvaient avoir le même comportement, avant, pendant et après les matches, que la vie serait belle!

    Les joueurs, j'ai quand même été triste pour eux car, et je ne discute pas le choix des personnes faits par notre futur (peut-être, puisque maintenant on l'accuse d'indélicatesse à l'égard du fisc) secrétaire d'État, ils se sont bien battus. Mais on les sentait malheureux. Malheureux d'être prisonniers d'une tactique qui ne correspondait pas à leur talent. Malheureux comme Michalak parce qu'on lui répétait qu'il n'avait pas de jeu au pied, malheureux comme Bauxis qui n'avait pas le droit de faire autre chose que de balancer des grands coups de pied, malheureux comme Chabal parce que son coach le déteste (c'est Bachelot qui le dit) et que seule la vox populi l'avait imposé, malheureux comme ceux qui regardaient les matches importants des tribunes parce qu'ils ne jouaient pas au Stade Français, malheureux comme ils l'ont tous été quand ils ont senti leur rêve s'évanouir.

    Et moi, j'étais malheureux parce que je pensais à ceux qui m'avaient fait rêver autrefois: les Boniface, Albaladejo, Darrouy, Danos, Dourthe, Spanghero, Rives, Villepreux, Cantoni, Paparemborde, Bastiat, Sallefranque et tant d'autres... Artistes ou combattants à qui l'on donnait le droit à l'erreur parce qu'on leur demandait d'oser, et qu'ils réussissaient souvent... Ils n'étaient après tout que des hommes, avec leurs qualités et leurs défauts, mais ils s'amusaient sur le terrain, ils prenaient du plaisir et en donnaient, sans calculer, même dans la douleur... et Roger Couderc faisait le reste...

    Alors, ce soir, je leur dis: "Allez, les Petits!"