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Richard Gilly

Quand on passait la porte du pavillon de banlieue, la deuxième pièce à droite, c'était la cuisine. C'est là qu'il est arrivé: son père était à l'Opéra où il répétait et sa mère répétait qu'il était à l'Opéra. Il a passé son enfance bercé par les violons de la fosse d'orchestre.

"Toutes ces héroïnes qui tombaient comme des mouches dans le dernier acte, c'était beau. Y'avait pas qu'les mouches, la neige aussi tombait sur les grands voiles de tulle, et des princes, des rois tombaient à leurs genoux."

Lui qui avait vu les ténors travailler leur diction avec un crayon dans la bouche, il découvre soudain Robert Zimmerman qui, lui chante avec une pince à linge sur le nez.

Une école d'arts appliqués, un voyage à Florence, et le voilà qui, de casses en décharges, réalise une série de Don Quichotte qui rouillent lentement de salons en galeries. Quand ce n'est pas de la sculpture, il compose des chansons; quand une musique lui résiste, il peint. "Être vrai n'a qu'un inconvénient : le temps !"

Comme le héros de Cervantes, il suit son but comme une étoile, il va au plus profond, il voyage en apnée, pas forcément dans le grand bleu, mais toutes les nuances de gris; pas forcément triste, mais vrai.

Une voix, une âme, des émotions : des vraies, celles qui vous font dresser les poils sur l'avant-bras... En tout cas une chose est sûre c'est que vous le prenez en pleine gueule, avec des choses qu'on croyait bien planquées, qu'on avait enfouies, "des sentiments" .

En 1993, l'album "Rêves d'Éléphant" fut une révélation. Adulé par la critique, reconnu par ses pairs-critique dithyrambique, clip des clips sur M6, (I love Paris) - c'est la fermeture de FNAC Music qui empêchera Richard de connaître enfin la consécration qui lui tendait les bras.

Cinq années ont passé et c'est dans l'exil en Louisiane qu'il trouve un exutoire à son art créatif. Entouré de musiciens de talent, dans le studio de Daniel Lanois, il cisèle un bijou d'album qui va droit au coeur.

Soyez prêts à l'extraordinaire des années d'ordinaire...

 

Telle est la biographie de Richard Gilly que vous pourrez découvrir sur le site http://www.musikafrance.com.

 

Pour compléter, il faut savoir que l'artiste n'a pas été envahissant pour ce qui est de la production discographique: "Je ne suis pas un grand fermier" (1971), "Les froides saisons" (1975), "Portrait de famille" (1977), "Râleur" (1984), "Rêves d'éléphant" (1993) et, enfin "Des années d'ordinaire" (2002).

Et il travaille actuellement sur "Vincent, l'homme à l'oreille coupée", fresque musicale en 3 actes, projet dévoilé début 2005. Quelques extraits peuvent être entendus sur le site internet de Musika France. Mais les choses étant ce qu'elles sont, notamment sur le plan financier, nul ne sait quand l'aboutissement surviendra, s'il survient.

En attendant, on peut passer le temps en écoutant "Des années d'ordinaire" (uniquement disponible – s'il l'est encore – sur ce même site). Cet album a été enregistré à la Nouvelle Orléans avec, entre autres, Frédéric Koella (connu pour son travail avec Willie Deville) à la production et à toutes sortes d'instruments (dont les guitares, mandoline, banjo, lap steel, dobro, violon, etc.). Cet album est une réussite d'un bout à l'autre, le style Gilly (mi-naïf, mi-féroce) est parfaitement mis en valeur par la qualité de l'instrumentation et des arrangements. Richard reprend 2 de ses anciens titres ("Va lui dire que c'est une conne" et "Blonde" – tout un programme). D'autres morceaux  comme "Nouveau monde", "Spanish" ou "Dieu reconnaîtra Lucien" (!) révèlent les différents aspects du chanteur, par ailleurs sculpteur de talent.

Cet album mérite qu'on y jette une oreille (sans pour autant la couper) et l'homme mérite tout notre soutien. Pour ses projets. Pour son honnêteté. Pour l'ensemble de son œuvre.

Vous connaissez l'adresse.

 

Commentaires

  • Raah... Richard Gilly ! Je l'avais complètement oublié ! Incroyable, comme tout vulgus cretinus, je devais me dire qu'il avait cessé toute activité.
    Remarque, s'il était le seul à travailler dans l'ombre... ce monde serait meilleur, n'est-ce pas ?
    Mais il faut se rendre à l'évidence, l'exposition médiatique a ceci d'extraordinaire qu'elle semble s'acharner à braquer le projecteur sur la médiocrité ambiante.
    C'est une preuve que Richard Gilly ne peut pas être intrinsèquement mauvais...

  • Ce commentaire me rappelle la découverte "des années d'ordinaire". CD qui me fut offert par une personne de goût assurément!
    C'est ainsi que je me suis plongée dans le" nouveau monde "de Richard Gilly, et pour tout dire, j'ai entendu s'exprimer une sensibilité sur des rythmes aussi divers que surprenants, au final, un vrai régal pour les oreilles!
    Même dans ses descriptions du quotidien, qui lui font dire qu'il y a des "silences qui parlent et des cons qui s'taisent pas", à chaque mot, Richard Gilly est criant d'authenticité. Alors, dans ce cirque éphémère qu'est la vie, il fait bon faire du stop au carrefour de ce "lambda inconnu" à consommer sans modération !

  • Richard, il a commencé par nous dire qu'il n'était pas un grand fermier. Puis il a bâti un nouveau monde, de froides saisons en années d'ordinaire. Et ses rêves d'éléphant nous font mener la vie au grand air. Surtout, n'arrête jamais d'être jamais le même, c'est à chaque fois désespérement beau.

  • Toutes choses égales par ailleurs, je dirais : finies les vacances dans le Jura, faudrait peut-être se remettre au boulot. Ce blog est en jachère depuis une semaine. Si aucune note n'est ajoutée prochainement, je lance une pétition internationale, j'en appelle aux Casques Bleus, je provoque un référendum...

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