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Gone with the wind (1)

Depuis le début des sixties, à l'époque où les Beatles et Bob Dylan, s'appuyant sur l'héritage de leurs aînés, Chuck Berry ou Woody Guthrie, Carl Perkins ou Bukka White, et tant d'autres, ont été les catalyseurs d'un mouvement qui n'a pas cessé, la production discographique a généré nombre d'enregistrements, œuvrettes ou chefs d'œuvres, majeurs ou mineurs.

Certains ont connu la lumière, parfois éphémère. D'autres sont restés dans l'ombre et y resteront peut-être toujours. Mais nous avons tous au fond de notre grenier ou de notre cœur, quelques disques, 33 tours ou 45 tours, parfois réédités temporairement en CD, ou CD aux ventes insuffisantes aux yeux des marchands, qui resteront gravés pour longtemps dans nos mémoires.

Ces morceaux de ma vie, "gone with the wind" (© Margaret Mitchell), j'ai envie de commencer à les évoquer pour vous aujourd'hui.

 

EMMYLOU HARRIS: "GLIDING BIRD" (1970)

Née à Birmingham, Alabama le 2 avril 1947 dans un famille militaire, Emmylou a vécu ensuite en Caroline du Nord et en Virginie. Elle fit des études d'art dramatique durant lesquelles elle se mit sérieusement à la musique, faisant ses dents sur le répertoire de Bob Dylan et Joan Baez, puis se produisant en duo avec un camarade d'université, Mike Williams, dans la lignée de Ian (Tyson) & Sylvia. Elle partit ensuite pour New York, à l'époque du déclin de la scène folk, étouffée par la vague hippie-psychédélique. Elle se produisit régulièrement à Greenwich Village, en particulier au Gerdes Folk City où elle se lia d'amitié avec des artistes comme Jerry Jeff Walker, Paul Siebel ou David Bromberg.

Elle épousa le songwriter Tom Slocum en 1969 et enregistra son premier album "Gliding Bird" publié sur le label Jubilee en 1970. Mais peu de temps après, Jubilee fit faillite et, alors qu'elle attendait son premier enfant, son mariage commença à sombrer.

Ce fut ensuite le départ pour Nashville, et le divorce. Emmylou, abandonnée, se retrouva seule pour élever sa fille, Hallie. Plusieurs mois de luttes, la pauvreté, Emmylou s'éloigna alors de la musique et s'en retourna vivre chez ses parents dans une ferme non loin de Washington, D.C.

Ces prolégomènes n'ont pas pour but de faire pleurer les lecteurs. La suite (si l'on excepte la relation tragique et destructrice avec Gram Parsons) fut heureusement plus belle. Mais c'est une autre histoire. Si j'ai résumé ces évènements, c'est parce qu'ils expliquent sans doute pourquoi Emmylou a toujours rejeté "Gliding Bird", l'omettant même de sa discographie officielle (cf. http://www.emmylou.net ).

Pourtant, cet album est loin d'être honteux. C'est une œuvre de jeunesse, qui en vaut bien d'autres publiées par d'autres chanteuses. Certes, quand on est un familier de la Dame, ce disque n'est pas au même niveau de ce qu'elle enregistra par la suite. On note que l'influence de Joan Baez et plus encore de Joni Mitchell est sensible.

Ce disque se partage équitablement entre les compositions d'Emmylou, au nombre de 5, et les reprises. Parmi celles-ci, "I saw the light" (Hank Williams) ou "I'll never fall in love again" (Hal David / Burt Bacharach) peuvent être facilement oubliées. En revanche, "I'll be your baby tonight" (Bob Dylan) ou "Everybody's talkin'" (Fred Neil) sont plus qu'acceptables, de même que "Gliding bird" de Tom Slocum.
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Et puis, il y a Emmylou "songwriter". 5 titres dont elle n'a pas à rougir, "Fugue for the fox" ou "Waltz of the magic man" laissant même entrevoir la naissance d'un talent original.

"Gliding bird" fut réédité quelques années plus tard, toujours en vinyle, par les Anglais de Pye Records, ce qui m'a permis de le découvrir. C'est un privilège car, depuis, Emmylou Harris s'est toujours opposée à une nouvelle publication, ce que l'on peut regretter.

 

JOHN KAY: FORGOTTEN SONGS & UNSUNG HEROES (1972)

Tout le monde (enfin, au moins parmi les plus anciens) connaît la voix de John Kay. Souvenez-vous: "The pusher", "Magic carpet ride" et, surtout, "Born to be wild", un des hymnes du film "Easy Rider". John Kay, c'était la voix de Steppenwolf. Joachim Fritz Kraudelat, c'est son vrai nom, est né le 12 avril 1944 dans une partie de l'Allemagne autrefois connue sous l'appellation Prusse Orientale. C'est grâce aux radios des forces armées américaines qu'il développa son intérêt pour la musique alors qu'il vivait en R.D.A. En 1958, il émigra à Toronto, au Canada, où il découvrit véritablement le Rock & Roll, apprit à jouer de la guitare, à composer et se produisit avec divers groupes locaux.

Il fonda un groupe de blues-rock, The Sparrow, sans rencontrer l'audience espérée. Mais motivé par le succés d'un rock au son plus dur (Yardbirds, Cream, Jimi Hendrix Experience), il persévéra et ce fut le début de Steppenwolf qui connut 4 années fastes avant que son créateur ne décide de mettre un terme (provisoire) à l'aventure. Aussitôt après parut l'album objet de cette chronique.

Je l'ai acheté un peu par hasard, 4 ans plus tard, dans un hypermarché où une grande partie du catalogue ABC / Dunhill était soldée pour 5,90F le 33 tours. Et j'ai découvert un album plus qu'attachant.

Pour ceux qui cherchaient la suite de Steppenwolf, ce disque fut une déception. Pour d'autres, dont je fais partie, ce fut au contraire une révélation. La voix, rauque, était toujours là, mais sa puissance était contenue. 9 titres, entre ballades et blues-rock, tout en nuances, 5 reprises et 4 originaux. Le groupe est restreint et les orchestrations laissent la part belle aux instruments acoustiques (on rencontre même une mandoline et un dulcimer). On est donc loin de la rage du Loup des Steppes. Parmi les compositions de John Kay, je retiendrai surtout "Walk beside me" et son refrain entraînant ou "Somebody", ballade pleine d'émotion (seule titre où 3 choristes féminines au style gospel sont invitées).

Les reprises? Du beau monde est au rendez-vous. Le folksinger amérindien Patrick Sky pour "Many a mile" qui ouvre le disque. Les seigneurs de la country music, Hank Williams pour "You win again" et Hank Snow pour "I'm moving on" où John Kay se proclame plus proche de la reprise de Ray Charles que de l'original. Et puis il y a Richard Fariña (feu Monsieur Mimi Baez et une influence pour Bob Dylan) et son "Bold marauder" où la guitare acoustique de Kent Henry répond au dulcimer de John Kay pour un résultat plein de délicatesse; comme stratégie de rupture avec Steppenwolf on ne pouvait imaginer mieux, et c'est vraiment réussi. Enfin, rayon blues, on rencontre Robert Johnson avec "Walkin' blues" dans une version dépouillée: voix, harmonica et guitare bottleneck pour John, basse pour George Biondo. Grande version, grand moment.
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Si ce disque est séduisant, au-delà de sa qualité intrinsèque, c'est parce que John Kay nous a emmenés, avec bonheur, là où on ne l'attendait pas, à la façon d'un Neil Young. Rien que pour cela, l'album mérite le respect. Et il aurait mérité davantage de succès commercial!

 

SHILOH: SHILOH (1970)

Shiloh fut un groupe éphémère qui donna naissance à ce seul album sur Amos Records. Son intérêt est qu'il permet de découvrir en partie la genèse d'Eagles. Amos Records publia d'ailleurs également un an plus tôt "Longbranch Pennywhistle" du groupe/duo du même nom, composé de Glenn Frey et John David Souther, autre précurseur d'Eagles.

Shiloh fut la première occasion d'entendre la voix du batteur Don Henley. À ses côtés figuraient le claviériste Jim Ed Norman qui collabora ensuite régulièrement avec Eagles, le pedal-steel guitariste Al Perkins (que l'on retrouva plus tard au sein du Manassas de Stephen Stills) et les frères Richard et Mike Bowden.

Rien de révolutionnaire dans ce groupe texan, mais un ensemble bien en place de musiciens compétents. Des morceaux à l'influence cajun (signés Jim Norman), des titres plus country pour Richard Bowden, un traditionnel folk ressorti du placard ("Railroad song", arrangé par Al Perkins) et la voix et les compositions de Don Henley. "I'm gone", "Same old story" ou "God is where you find him" pourraient trouver leur place dans le répertoire d'Eagles sans déparer l'ensemble. Bien sûr, la richesse des harmonies et la qualité des compositions qu'on trouvera dans le premier album de ces derniers fait un peu défaut. Mais en plus de Glenn Frey, The Eagles avaient quand même inscrit à leur répertoire Jackson Browne, Gene Clark ou le méconnu Jack Tempchin, excusez-les du peu!
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Un début plus qu'honorable, un album qui se laisse encore écouter sans effort et avec sympathie 35 ans après.

À suivre…

Commentaires

  • Merci pour ces extraits musicaux, avant de partir au travail, cela fait du bien....
    Bonne après midi.

  • D'habitude, je commente chez Maitre Chronique, avec qui je partage la reference Kobaienne,mais cette note me donne envie de rajouter mon grin de sel sous le parapluie bleu.
    Emmylou Harris ! Tu me donnes envie de la re-ecouter. Il y a quelques annees de cela, Bob Dylan, Joan Baez et quelques autres (dont Emmylou) faisaient partie de mon quotidien musical. Je leur doit entre autre d'avoir conserve et enrichi ma connaissance de la langue anglaise en voulant comprendre leurs textes, ce qui m'est bien utile aujourd'hui (mais promis je ne parle pas anglais avec l'acccent de Bob !)J'y pense lorsque je croise dans les rues de Boston des jeunes chanteurs grattant leur guitare, lorque je cherche un mot et que je me souviens dans quelle chanson je l'ai appris ....

  • Bienvenue Eurydice. Moi c'est plutôt, alors que j'étais lycéen vers la fin des sixties, avec les Beatles, les Moody Blues ou les Bee Gees que j'ai amélioré mon Anglais (et mes notes!). Bob Dylan et Leonard Cohen sont venus juste après. Et plus tard, ce fut John Prine, auteur de dizaines de chefs d'oeuvres dont "Blue Umbrella" et Quiet Man"...

  • HeHe... Quand j'etais au lycee, mes congeneres ecoutaient Indochine ou Madonna, et moi Ferrat, Brel, Brassens....A peine pus tard, je decouvrais Dylan et Cie, et il y a une petite dizaine d'annee, Magma.... Mais d'ou vient cette manie d'ecouter des trucs qui sont plus vieux que moi ?!!!!

  • Cela signifie, Madame, que vous êtes une femme de goût qui ne cède pas aux modes... Et puis, ce qui caractérise la qualité (de la musique comme de de celle/celui qui l'écoute), c'est qu'elle n'a pas d'âge

  • Je connais une chanson qui me revient en tête en voyant le nom du groupe Shiloh que je ne connais pas, et dont le titre est "In the Hills of Shiloh" (avec la même orthographe). Je crois qu'elle était chantée par Judy Colilns ou Joan Baez. C'est certainement de ces collines qu'ils ont tiré leur nom.
    domino

  • Tu as très certainement vu "The last Waltz" le fameux concert d'adieu de The Band. Si je t'en parle c'est que la bande à Robbie y joue un morceau aux paroles un peu foutraques avec la belle Emmylou. Elle y est sublime dans une grande robe bleue perdue dans d'une atmosphère un peu ouattée ( ça s'écrit comme ça ? ).
    Un régal pour les yeux et les oreilles.

  • Oui, Mille Pattes, j'avais la VHS et j'ai les disques (4CD avec bonus très intéressants - avec Neil young et Bob Dylan notamment). Le titre est "Evangeline" paru sur l'album du même titre d'Emmylou (non réédité en CD à ce jour, de même qu'un autre intitulé "Thirteen").

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