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jackson browne

  • Jackson Browne à l'Olympia

    Lundi 27 avril 2009, Jackson Browne met le feu à l'Olympia

    Jackson Browne, pour moi, c'est une longue histoire. La première fois que j'ai vu son nom c'était en 1971 sur l'album "Byrdmaniax" des Byrds qui interprétaient son "Jamaica Say You Will". Mais dès 1967 ses compositions avaient été au générique de disques de Nico ("These Days") ou du groupe Nitty Gritty Dirt Band dont il fit brièvement partie.

    En 1972, l'excellent Jean-Bernard Hebey, un soir sur RTL, nous fit entendre un jeune singer-songwriter qu'il appelait Jackson Brownie, avec le titre "Rock Me On The Water". Le choc fut immédiat (et durable). À la même époque, il nous fit aussi découvrir "Take It Easy" du groupe Eagles, co-composé par Jackson Browne et Glenn Frey. C'était le début de l'histoire du label Asylum. Inutile de préciser que dès que je pus découvrir le premier album de Jackson - sans titre, même si on l'appelle parfois "Saturate Before Using" - j'en fis l'acquisition (c'était le mardi 26 septembre 1972 chez Dupont-Metzner à Nancy et, bien sûr, Eagles faisait partie du lot ce même jour).

    Il y eut ensuite "For Everyman", "Late For The Sky", "The Pretender", "Running On Empty", tous indispensables, et bien d'autres encore jusqu'à "Time The Conqueror" publié en 2008.

    En ce lundi soir, Jackson Browne foulait pour la première fois la scène de l'Olympia, à Paris. C'était aussi la première fois que je m'installais dans un des légendaires fauteuils rouges du boulevard des Capucines. Le "Time The Conqueror Tour", entamé en septembre, faisait là sa seule étape française avant de migrer vers les Pays-Bas, la Scandinavie et le reste de l'Europe, puis de rentrer au pays à partir de juillet.

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    Autour de Jackson, toute l'équipe du disque: Mark Goldenberg aux guitares, Jeff Young aux claviers et aux vocaux, Kevin McCormick à la basse et Mauricio Lewak à la batterie et aux percussions. Et puis les deux choristes aux intonations gospel, la grande et svelte Chavonne Morris et la petite Alethea Mills.

    À l'heure prévue (20h05 en fait, le temps de vider le bar et de remplir la salle), un projecteur guida Jackson au milieu de la scène, vite suivi de son groupe. Et à ce moment-là, j'ai eu la sensation que le temps s'était arrêté. La même silhouette qu'en 1972, la même coupe de cheveux (toujours bruns) que celle qui ornait la pochette du premier 33 tours. La barbichette blanche de la photo qui illustre "Time The Conqueror" avait disparu. En revanche, dès les premières notes, on sut que la soirée serait très électrique.

    Ce fut d'abord "On TheBoulevard" extrait de "Hold Out", puis "Everywhere I Go" de "I'm Alive", et sa rhythmique joyeusement reggae, et "The Barricades Of Heaven" ("Looking East"). On était loin de l'ambiance feutrée des premiers albums ou des concerts acoustiques avec David Lindley. Les guitares étaient électriques, Mauricio tapait fort, les choristes gospellisaient à cordes vocales déployées, l'orgue Hammond B3 enveloppait le tout de nappes sonores harmonieuses. Mais la qualité des compositions était là, démontrant que l'orchestration n'était finalement que secondaire. Et Jackson de dire sa joie d'être là, de nous redire à quel point chanter à l'Olympia était un rêve pour lui. Pour moi aussi , c'était un rêve (que je n'avais même pas osé rêver) qui s'accomplissait. Il passa alors de la guitare au piano électrique, au milieu de la scène, pour un de ses meilleurs titres, un de mes favoris en tout cas, "Fountain Of Sorrow". À en juger des réactions de la salle, la partie était déjà gagnée.

    C'était donc pour la bande de musiciens le moment de faire ce pour quoi ils étaient venus, présenter les titres du nouvel album: "Time The Conqueror", "Off The Wonderland", "Live Nude Cabaret", "Giving That Heaven Away".

    La première partie se termina par un medley de plus de dix minutes, avec JB au piano: "Doctor My Eyes" (de l'album de 1972) et "About My Imagination" ("The Naked Ride Home") permettant à chacun (aux deux singing demoiselles en particulier) de se donner à fond. Puis ce fut la pause, pour un quart d'heure.

    Réflexions sur cette première partie: on a eu droit à un vrai show de professionnels, un groupe efficace, un spectacle bien rôdé, laissant au gré de certains trop peu de place à la fantaisie. Cela était le choix initial de Jackson pour cette tournée: il avait décidé de "travailler" avec une set-list, ce qui n'est pas dans ses habitudes, avec peu de variantes d'un soir à l'autre. Certains auraient par ailleurs préféré un show acoustique, sans doute, mais personne ne boudait son plaisir.

    Le break fut l'occasion de retrouver, un an après les derniers concerts officiels d'Acoustic in Paris (Greg Brown & Bo Ramsey), les habitués de la Pomme d'Ève: Hervé, Claude, Charlie, Eric, Patrick, Jacques... de faire quelques connaissances (Tony...) avant que le bar ne se vide à nouveau ce qui permit à chacun de vérifier que le principe des vases communiquants s'applique aussi à l'Olympia.

    21h30. Jackson s'installe sur le devant de la scène pour un autre grand moment: "Something Fine", retour au premier album, suivi d'un "Don't You Want To Be There" extrait de "The Naked Ride Home".

    C'est alors que, par la grâce de quelques notes de guitare, l'ambiance qui était déjà remarquable (le plaisir d'être là était palpable, aussi bien sur scène que dans la salle) évolua vers quelque chose de magique: "These Days", le morceau phare de "For Everyman", l'un des sommets de la carrière de Jackson et son titre le plus repris allait définitivement faire basculer 2000 personnes dans le bonheur! Et la suite du concert allait être sur le même ton. Le professionnalisme se débridait, sans rien perdre de sa qualité technique.

    Ce fut d'abord "Lives In The Balance", de l'album éponyme. Il y eut ensuite un nouveau titre, "Going Down To Cuba", occasion pour Jackson d'évoquer à demi-mot l'évolution de la diplomatie américaine, et pour Mauricio Lewak de s'asseoir sur une espèce de caisse sur laquelle il assura les percussions. "Just Say Yeah", du même "Time The Conqueror", suivit, sans que l'ambiance ne retombe.

    Jackson, au piano, annonça ensuite une chanson "on request", qui avait été un succès en France, mais dont il ne connaissait pas les paroles françaises. C'était bien sûr "Rosie", de "Running On Empty", popularisée par Francis Cabrel. Il faut noter à ce sujet que ce fut la première adaptation sur disque studio de notre troubadour d'Astafort (par la suite il y eut aussi Otis Redding et Bob Dylan ainsi que, plus tôt, James Taylor, mais en concert seulement pour ce dernier. Cela suffit à dire en quelle estime le bon Francis tient notre invité de ce ce lundi). Ce titre (apparemment pas dans la set-list habituelle de la tournée, fut l'occasion d'une petite chorégraphie. Jackson était seul sur la scène, sous son projecteur, ses quatre musiciens apparaissant de temps en temps, pour assurer leur partie en contre-chant. Ce titre, un pur moment de plaisir partagé, marqua par ailleurs un retour définitif aux albums des seventies (à l'exception d'un titre en rappel).

    "Late For The Sky", de l'album du même nom, "Your Bright Baby Blues" et "The Pretender" (tous deux de "The Pretender") et "Running On Empty" (dont je n'ai pas besoin de vous préciser l'origine) s'enchainèrent sans temps mort. Je ne sais plus à quel moment les gens se sont levés, ont commencé à s'avancer vers la scène, mais plus personne n'avait envie de rester statique. Et, sur scène, les musiciens et vocalistes étaient intenables.

     

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    Vint alors le moment de quittter, provisoirement, la scène. Puis le premier "encore", "I Am A Patriot", extrait de "World In Motion" paru en 1989. Ce titre, au rythme joyeux (une composition de Little Steven, aka Miami Steve Van Zandt, ainsi qu'Hervé le rappelle en commentaire) n'a sans doute plus le même goût dans la bouche du chanteur qu'à l'époque où il a été écrit ni même qu'il y a seulement quelques mois, au début de la tournée. Jackson Browne, cet infatigable militant des droits de l'homme, de la paix et de l'écologie est enfin redevenu fier d'être Américain. Et le public de partager bruyamment son bonheur.

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    La fin, déjà? Les concerts passés se sont souvent terminés sur ce titre. Mais, malgré l'heure tardive (près de 23h00), nous en voulions encore et le faisions savoir. Et les sept artistes revinrent pour un final d'enfer, parfaitement de circonstance, le medley extrait de "Running On Empty": "The Load-Out / Stay". L'ambiance était joyeusement indescriptible. Et chacun, sur scène, autour de Jackson, se fit le plaisir qui d'une apparition vocale, qui d'un solo instrumental. Et dans la salle, le public eut son moment, chantant à l'invitation de Jackson "please please stay, stay a little bit longer...". Le public, dans ce domaine, a encore des progrès à faire! (Promis, je vais répéter pour la prochaine fois). Mais pour ce qui est de l'ambiance, du plaisir qu'il a pu renvoyer aux artistes, il était au top niveau.

    Ce fut alors la séparation, à l'amiable, chacun des spectateurs étant conscient du fait que Jackson avait donné tout ce qu'il pouvait. "I really enjoyed tonight, thank you for coming", nous réaffirma-t-il, la main sur le cœur. Et ce n'était pas qu'une formule de circonstance.

    Le boulevard, la pluie, le métro. Et ce "Stay" qui restait dans la tête, avec une partie vocale de Chavonne Morris - en lieu et place de David Lindley dans la version connue - qui en dit long sur les possibilités de la demoiselle. Et Jeff Young, le keyboardman, n'est pas mal non plus dans ce domaine. La rythmique sobre et efficace assurée par MM. Lewak et McCormick est sans faille. Et le jeu de guitare de Mark Goldenberg est tout aussi remarquable. Note à ce sujet: il a assuré beaucoup de partie en slide, comme le faisait autrefois le génial David Lindley. Pas de comparaison entre les deux, chacun a un style bien différent. Mais cela démontre à quel point les mélodies (et la façon de chanter de Jackson aussi) induisent l'utilisation de cette technique. Les phrases mélodiques longues, le phrasé un peu "traînant", s'y prêtent particulièrement. La technique était au niveau, et l'acoustique parfaite.

    Et Jackson? Je l'ai écrit, il n'a pas changé. Ni d'apparence (de près peut-être), ni de voix, même si cette dernière ne va pas facilement taquiner les notes les plus hautes, ce qui n'a jamais été son souci. Quant à ses compositions, pour ceux qui l'ignoreraient encore, c'est un des songwriters les plus doués de ces cinquante dernières années et aucun des titres de ce soir magique n'a pris la moindre ride.

    Vers 2h00 du matin, sur RTL, Georges Lang clamait son bonheur d'avoir assisté à l'évènement (C'est Zia Forêt qui me l'a dit; moi, je dormais) et faisait entendre Jackson à ses nocturnes auditeurs.

    Maintenant, une seule chose à faire: écouter l'intégralité de sa discographie, ou se la procurer d'urgence... en commençant par les cinq premiers albums!

     

  • Warren Zevon

    Warren Zevon (1947-2003)

    Il y aura 4 ans le 7 septembre que Warren Zevon nous a quittés, victime de trop d'abus (alcool et tabac notamment) et du cancer. Même s'il était reconnu et encensé par quelques-uns des plus grands (Bruce Springsteen, Jackson Browne, Bob Dylan, Eagles, Linda Ronstadt...), sa notoriété n'a jamais été à la hauteur de son talent d'auteur-compositeur.

    Un premier disque paru dans l'anonymat vers 1969, des compositions pour les Turtles, un boulot de pianiste avec les Everly Brothers, et sa carrière débuta réellement en 1976 avec l'album "Warren Zevon" produit avec la complicité de son ami Jackson Browne. Quelques-uns de ses meilleurs titres figurent sur ce disque, qui est celui qu'il faut écouter en priorité: "Carmelita", "Hasten Down The Wind", "Frank And Jesse James", "The French Inhaler"...

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    Son fils Jordan vient d'exhumer du grenier familial quelques démos éditées sous le titre de "Preludes".

    Il n'est pas trop tard pour se découvrir son œuvre. Et pourquoi ne pas commencer par un autre titre de l'album de 1976, "Mohammed's Radio", où Warren est accompagné par Jackson Browne à la guitare et au chant (mais aussi par un autre méconnu génial, que l'on ne fait qu'apercevoir à la pedal steel guitar, David Lindley).