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C'est grave, Docteur?

Rassure-toi, Y a K.A, je ne veux pas te concurrencer dans le domaine médical, je n'en ai ni la compétence, ni l'expérience. Non, je voudrais parler d'un phénomène d'addiction sur lequel je m'interroge et, dans un souci purement archéologique, dont j'aimerais comprendre l'origine, les mécanismes, mais aussi les effets secondaires. Je me posais ces questions hier soir en contemplant les murs de la chambre tapissés de colonnes de CD et d'étagères de vinyles. Je me pose les mêmes (questions) en écoutant ce matin un vieux 33 tours des Kinks ("Misfits") qui me donne un début de réponse.

Comment peut-on à ce point devenir accroché à la musique quand on n'est pas tombé dedans à la naissance, quand on n'a jamais été capable de sortir 2 notes d'un instrument (ou alors d'un harmonica, mais hors de la présence auditive de tout public)?

 

Chapitre Premier: L'apprentissage

Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours entendu de la musique, chez moi. Pas de télévison, pas d'électrophone (je devais avoir 7 ou 8 ans quand le premier est arrivé – je me souviens encore de l'odeur de l'appareil quand il a été déballé). Deux phénomènes ont contribué à mon éducation.

D'abord, ma mère chantait. Elle en a perdu l'habitude depuis, mais je me souviens encore de son répertoire: "Ne pleure pas Jeannette, nous te marie-erons…", "Qu'il fait bon chez vous, Maître Pierre, qu'il fait bon dans votre moulin…" ou "Sur la route qui va, qui va, qui va et qui ne finit pas…"; Inimitable parfum d'enfance, souvenirs de voyages où le chœur familial tentait, parfois en vain, de couvrir la mélodie du moteur de la 2CV!

 

Et puis, ma mère écoutait la radio ou, plutôt, la famille écoutait la radio. Je devrais dire LA radio, c'est à dire Radio-Luxembourg (aujourd'hui, Maman écoute RTL). Fabuleuse époque que celle de Zappy Max ("Ça va bouillir", "C'est parti mon Zappy") dans sa lutte contre son ennemi Kurt Von Straffenberg alias "Le Tonneau", du "Personnage Mystérieux", des "Rois de l'Accordéon", de "la Famille Duraton" (avec Jean Carmet dans le rôle de Gaston Duvet). Et puis il y avait "Grand Spectacle" ("Au théâtre ce soir" radiophonique), "Sur le banc" avec Raymond Souplex et Jeanne Sourza en La Hurlette et Carmen. Et l'inimitable Genevève Tabouis dans sa chronique politique du dimanche soir qu'elle débutait toujours par le rituel "Attendez-vous à savoir…". Et "Quitte ou double" qui me permettait de me mesurer à distance aux candidats dans la catégorie "Sport", moi qui (merci Tata Claudine) étais un abonné et lecteur assidu de "Miroir-Sprint". J'en oublie sans doute mais je me souviens de ces moments où le cercle familial se formait autour du poste de radio (gros appareil qui n'était pas encore ce qu'on appela ensuite un transistor). Jusque là, rien qui me prédisposât à évoluer vers les sphères musicales que j'attendrais par la suite. Elvis Presley pouvait se déhancher, Chuck Berry créer la duck-dance et draguer sa "Sweet Little Sixteen", les Everly Brothers ou Buddy Holly inventer ce sans quoi les Beatles n'auraient été que les Rolling Stones, cela m'était totalement étranger.

 

Et puis il y eut l'électrophone, et les premiers disques: Marcel Amont et les Compagnons de la Chanson pour Maman, Jacques Brel (était-ce à ce moment-là?) pour la grande sœur et, pour les 3 petits (j'étais le plus grand des petits), Lucienne Vernay et les Quatre Barbus dans "Les Rondes et Chansons de France". Je garde de l'époque le souvenir des œuvres de Brel "L'ivrogne", "Le moribond", au goût de fruit défendu et puis chez les Compagnons de la Chanson "Verte campagne" (un signe sans doute) dont je découvris beaucoup plus tard qu'il s'agissait de l'adaptation d'un classique du folk américain "Greenfields". Et il y eut ensuite l'achat par ma sœur d'un disque qu'elle avait commandé. Je me revois aller le quérir avec elle, chez un disquaire, depuis longtemps disparu, de la rue St Pierre à Verdun: Georges Brassens interprétant 4 chansons: "La chanson pour l'Auvergnat", "La mauvaise réputation", "La prière" et "Un jolie fleur (Dans une peau de vache)". Et je fus même autorisé à écouter ces titres avec elle. Je ne me compris que beaucoup plus tard  à quel point ces titres et leur interprète m'avaient marqué. Rendez-vous, pour en savoir plus, au chapitre quatrième ou cinquième de cette passionnante saga. L'électrophone fut donc le premier tournant.

 

Le second, ce fut la radio. Oui, celle dont je parlais plus haut. Mais avec le temps je me mis à ne plus l'entendre de la même façon. Et puis j'étais un lecteur assidu de "L'est Républicain". Et entre la page des sports et la bande dessinée ("Lucky Luke" ou "Le pirate des Caraïbes") je me souviens d'un article annonçant la naissance d'un phénomène qui déchaînait les passions en Angleterre et prenait l'allure d'une déferlante: 4 garçons aux cheveux longs (tout est relatif) qui annonçaient leur venue en France. À quoi pouvaient-ils ressember? Les chansons en Anglais, ça existait aussi? Grande découverte. Où les entendre? Et puis j'appris aussi peu après qu'il n'y avait pas que Radio-Luxembourg. Il y avait aussi une station prisée des jeunes (mais je n'étais pas encore assez jeune à ce moment-là) dont tous parlaient: Europe n°1 et ses émissions cultes "Salut les Copains" ou "Dans l'vent".

 

Mais cela est une autre histoire que je vous conterai au chapitre deuxième: "Le temps des hit-parades"… si vous le voulez bien (et si j'en ai le courage).

Commentaires

  • Oui, tu vas me faire le plaisir d'en avoir le courage, sinon, hop, je te jette dans une piscine et tu me fais 100 longueurs de bassin en crawl ! Pigé ?
    Bon, moi là-dedans, je ne puis que confirmer partiellement, étant BEAUCOUP plus jeune...
    Jacques Brel, Georges Brassens, Compagnons de la Chanson, Marcel Amont (je me rappelle la pochette d'un 45t où l'on voyait le village d'Etsaut où nous avions passé nos vacances d'été en 1964)... oui oui, tout ça, c'est tellement loin et peut-être aussi fondateur.
    En revanche, je me souviens moins de ma mère qui chantait. Peut-être aussi que ma venue lui avait coupé le sifflet...
    Ah, Geneviève Tabouis ! Je m'en souviens aussi, et va savoir pourquoi, j'associe son nom aux repas dans la cuisine et à la lampe verte du gros poste de radio.
    Et pour moi, la radio, ce furent aussi ces pièces policières le mardi soir sur France Inter et, beaucoup plus tard, au début des années 70, sur RTL, chaque soir, les émissions de Jean-Bernard Hébey, qui m'ont aidé à me forger un semblant de culture musicale (c'est d'ailleurs lui qui m'a fait connaître le Grateful Dead, Magma, et tant d'autres).
    C'est dans les années 60que, tel un petit singe probablement, on me faisait faire le tour des classes de mon école pour que je joue de l'harmonica : "L'hymne à la joie", "Les enfants du Pyrrhée" essentiellement. Tiens, y aurait-il déjà l'esquisse d'un soufflant dans la famille ?
    Je crois qu'il y a eu aussi pas mal d'errements musicaux chez moi, disons entre 1965 et 1970... j'écoutais pas mal de variété nunuche avant, très vite, de me ressaisir. Je crois que l'un des déclencheurs fut le cadeau qu'on me fit, le 9 octobre 1969 pour ma fête, une compilation des Beatles appelée "Oldies but Goldies". L'histoire allait enfin commencer dans la bonne direction...
    To be continued.

  • Pour le village d'Etsaut, je peux même t'envoyer la photo du disque (acheté en 1964 à Oloron Sainte-Marie), et/ou la mettre en illustration de ce blog. J'ai même la version CD (home-made avec craquements d'époque) et une copie est possible.
    Jean-Bernard Hebey fera partie des prochains chapitres et pour Mme Tabouis, l'image est tout à fait celle que je retiens aussi. Quant à notre mère chanteuse, ta venue n'a sans doute pas eu d'effet sur sa vocation. Il s'agit plutôt d'un évènement malheureux en date d'avril 1960 qui a modifié profondément l'ambiance des voyages ultérieurs dans notre Ariane 4 verte.

  • Je te laisse deviner qui a été le dernier utilisateur de ce cher instrument ! Un jeune qui souffle essentiellement dans d'autres objets beaucoup plus coûteux...
    Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas lui qui l'a, quelque part dans sa chambre !

  • Tu parles de l'odeur de ton électrophone. C'est fou ça, car quand je me rappelle mon enfance, in ze late seventies, deux odeurs bien précises me chatouillent les narines :
    1)L'odeur de...MON électrophone. Une espèce de valise dont le couvercle était un haut-parleur, et qu'on posait à côté. D'ailleurs, cette odeur me faisait un petit peu peur, du haut de mes 5 ans, car j'étais persuadée qu'elle était le signe précurseur d'une explosion imminente. car, oui, c'était un très vieux électrophone. Mais il a tenu le coup, jusqu'au jour où il a disparu mystérieusement... (énigme jamais résolue...)

    2) L'odeur de la 404 de Madeleine, la dame qui m'amenait à l'école. Les sièges étaient en skaï, et sous le rétro, pendouillait une des créations artistiques qui se pratiquait à l'époque en école primaire, à savoir un losange 3D soigneusement recouvert de laine. Depuis, j'ai fourré mon nez dans pas mal de vieilles voitures, mais rien à faire, y'a que la 404 qui ait cette odeur reconnaissable entre 1000...

  • HAHAHAHA!!! je viens juste de lire le comm relatif à l'harmonica et le truc pour extraire la salive. Tout pareil ! Tout pareil!

  • Les parfums de voiture ne m'ont pas marqué, en revanche, les sièges en skaï, en plein soleil, quand je portais des culottes courtes, m'ont laissé des souvenirs cuisants! Et il y eut pire: sur les sièges en tissu de notre belle Ariane, afin de les protéger de nos jeux d'enfants, mes parents avaient mis des housses en plastique transparent! Quelle horreur! Et je laisse imaginer la joie que nous éprouvames quand nous pumes enfin les arracher rageusement après qu'elles eurent fait leur temps!!!!

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