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Un disque, un jour: Sammy Walker - Song for Patty (1975)

Sammy Walker – Song for Patty (1975)

 

 

L'histoire commença en 1978. Rock & Folk, dans sa rubrique "disques import", publia un article qui attira mon attention. Un certain Sammy Walker venait faire quelques concerts en France, notamment pour un festival-hommage à Woody Guthrie. Et pour l'occasion, WEA (qui à l'époque promouvait encore la musique) avait importé les 2 albums publiés en 1976 et 1977 par le jeune Sammy ("Sammy Walker" et "Blue Ridge Mountain Skyline") et objets de la chronique rocketfolkienne. Une voix à la Dylan, des influences à charcher chez Woody Guthrie, Hank Williams, Merle Haggard ou Phil Ochs. Bref, il me fallait ces disques. Mais voilà, les temps étaient durs (12 mois d'armée et un mariage ne m'avaient pas enrichi!) et les disquaires locaux peu compétents. Je ne connaitrais donc jamais Sammy Walker.

 

Samedi 17 Mars 1979, Épinal, La Calypsothèque (disquaire compétent et disparu depuis longtemps); je fouille dans les étagères gorgées de 30cm et découvre un rayon folk. Et là, ô miracle, au milieu d'autres publications signées "Le Chant du Monde", je vois apparaître un superbe objet rouge "Sammy Walker: Song for Patty". Je ne savais pas encore que je tenais entre mes mains ce qui est peut-être le dernier grand disque de "topical songs" de l'histoire. Mais la présentation déjà me séduisait: pochette tripyique, avec les paroles en anglais et en français (traduction de l'excellentissime Jacques Vassal, qui signait également les commentaires de présentation). Et puis le disque, publié en 1975 était produit par le grandissime Phil Ochs, disparu (he died from his own hand) en 1976.

 

Il me fallut attendre le lendeman soir et le retour at home pour poser la rondelle sur mon électrophone (pour les plus jeunes, c'est un appareil qui servait à écouter de la musique). Et là, nouveau miracle: cette voix, cette guitare! Ce Sammy Walker, 22 ans tout juste, c'était Dylan 15 ans plus tôt, avec des accents de Woody Guthrie, c'était même plutôt mieux! Aussi bon que John Prine, c'est dire! Une guitare, une voix, et parfois les chœurs de Phil Ochs, Rien que la substance. 27 ans après, je réécoute ce disque avec le même plaisir et je maintiens mon avis de l'époque. Un vrai musicien (il avait commencé le piano à 5 ans et vivait avec des parents fous de musiques), un vrai poète.

 

Et les chansons, les mélodies, les textes! Dès le début "Song for Patty" nous ramène vers un fait divers qui défraya la chronique; Patricia Hearst, riche héritière, avait été enlevée par des révolutionnaires (The Symbionese Liberation Army) dont elle finit par épouser la cause "But she opened her eyes and looked around her / And saw how often money takes the place of man / Now she's runnin' from a world that doesn't want her / Hidin' in the silence and the wind".

 

Au bout de 2 minutes, Sammy m'a conquis. Et puis vient "Ragamuffin Minstrel Boy", visiblement dédié à Bob Dylan ("That ragamuffin minstrel boy from a little minin' town"). Des titres humoristiques comme "My Old Yearbook" ("My girl dreamed about Prince Charming, and she ended up with me"). D'autres plus politiques "A Simple Hour Operation" (et un règlement de comptes avec Richard Nixon comparé à Hitler). "Closin' time", critique sociale à l'habillage très poétique et le très émouvant "Testimony of a dying lady" qui met en exergue (et c'est toujours d'actualité) l'état du système de la santé et de la justice aux USA. Tout est à l'avenant.

 

Dix titres sont de la plume de Sammy, les deux derniers sont une reprise de Woody Guthrie "I ain't got no home (In this world any more)" et une de Phil Ochs "Bound for glory (The story of Woody Guthrie)". Phil dont il est émouvant d'entendre la voix, une dernière fois, un an avant son suicide.

 

Ce disque n'a malheuresement pas obtenu le succès auquel il pouvait légitimement prétendre. Sa qualité a été sans doute éclipsée par le destin tragique du producteur dont on nota que, à l'époque où sa santé mentale se dégradait rapidement, il était encore capable de détecter le talent. Et quel talent! Et la chanson-titre, en raison de son histoire, a sans doute fait de l'ombre aux autres.

 

Août 1979, Strasbourg, l'Oreille d'Or (un disquaire plein de trésors de la Place Kléber, lui aussi disparu). Je trouve, alors que je ne l'espérais plus, le troisième album de Sammy "Blue Ridge Mountain Skyline", plus country, plus proche de John Prine que de Bob Dylan. Et encore une reprise de Woody Guthrie ("Dust storm disaster") et une, superbe, de Jimmie Rodgers, le blue yodeler ("Waiting for a train").

 

Mars 1980, Châlons sur Marne, à La Clé de Sol (disquaire disparu), c'est l'acquisition de "Songs from Woody's Pen", album hommage paru l'année d'avant.

 

Un disque, le second "Sammy Walker", que je n'ai pas réussi à trouver, et puis 20 ans de silence. Et arrive internet. Un jour de septembre 2000, je tape par hasard le nom de Sammy Walker sur le browser de mon disquaire en ligne favori (CD Now) et là, nouveau miracle: les 2 albums Warner, en CD, sont disponibles en import japonais. Très chers. Mais qu'à cela ne tienne.

 

Mais Sammy avait bel et bien disparu, rien de nouveau depuis 1979.

 

Avril 2003, cette fois, c'est le moteur de recherche d'Amazon. Je tape sans y croire "Sammy Walker". Et là, nouveau miracle. Deux nouveaux disques apparaissent: "Sammy Walker in Concert", enregistré live en Italie en 1989 et "Old Time Southern Dream" enregistré en 1994. Encore deux grands albums. La magie est toujours la même.

 

Depuis, la voix de Sammy Walker s'est encore fait entendre sur deux titres de l'album-reportage de l'Anglais Martin Stephenson "The Haint of the Budded Rose (A Musical Ramble Through North Carolina)" en 2000: une reprise "Green, Green Grass of Home" et une composition: "Some Day I'm Gonna Rock & Roll".


Six albums, six trésors que l'on peut encore trouver, si l'on cherche bien, parfois chers, parfois d'occasion ou même en "custom record" pour deux d'entre eux ("Song for Patty" et "Songs From Woody's Pen" publiés chez Folkways)

 

Si vous avez aimé le jeune Bob Dylan, Sammy Walker est pour vous aussi…

Commentaires

  • Moi, si j'étais disquaire, je ferais quand même gaffe en te voyant arriver, parce que j'ai l'impression que tu es l'Attila des bacs à disques. Après ton passage, tout disparaît !!! Ooops ! La Calypsothèque, La Clé de Sol, l'Oreille d'Or. A qui le tour ?

  • Il y en a beaucoup d'autres. Mes premiers achats à Paris, c'était chez Radio Pygmalion, bd de Sébastopol, en 1968. Maintenant, on y vend des sacs à main. En face, il y avait la FNAC-Châtelet (partie au forum des Halles). Et puis Givaudan, rue du Bac; Music Action, Carrefour de l'Odéon; et puis Tarentula, bd St Michel et le temple du rock, rue des Lombards, dont je cherche le nom... Et tant d'autres

  • J'ai retrouvé: rue des Lombards, c'était le célèbre "Open Market"!

  • Et la rue des Lombards, c'est aussi le... lieu de ralliement de bien des jazzophiles avec le Sunset, le Sunside, le Duc des Lombards... entre autres !

  • Des imports japonais !! vive internet.
    Avec le podcast c'est encore mieux.
    Merci pour cette découverte agréable.

  • Tiens je vois Van the Man sur la gauche. J'ai un album qui depuis toujours me fascine "astral weeks" je n'ose imaginer qu'il ne soit pas dans tes disques. Quoi toi en penser ?

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