L'industrie du disque agonise lentement et pourtant, paradoxalement, la création musicale est très vivante. Chacun peut, désormais, avec un minimum de connaissances techniques, un minimum de matériel et, quand même, un peu de talent, produire un enregistrement d'une qualité acceptable.
C'est ensuite que les choses se compliquent. Comment vivre de son art, comment se faire connaître, comment diffuser sa musique pour atteindre ceux qui sont susceptibles d'y être sensibles. Il n'y a plus de disquaires indépendants, ou si peu, et les magasins autrefois agitateurs culturels se sont tournés vers d'autres produits de masse à la rentabilité assurée.
Cela me coûte de l'écrire, mais le meilleur rayon disques du département de la Marne, où je réside, se trouve désormais à l'espace culturel d'Edouard L, à Châlons en Champagne. On peut y trouver des disques (enfin au moins 1 de chaque artiste) de Peter Rowan, Eilen Jewell, Anais Mitchell pour citer quelques exemples. Peronne ne les achètera sans doute jamais, mais là n'est pas la question
En fait, et je ne l'apprends à personne, c'est internet qui a pris le relais, et cela dans des proportions que je n'imaginais pas il y 10 ans lorsque j'ai souscrit mon premier abonnement avec pour objectif essentiel de pouvoir commander quelques disques introuvables ici (ou trouvables très cher) auprès d'un site qui s'appelait CD Now qui, au bout de quelque temps, a aiguillé sa clientèle vers Amazon.
Nous pouvons maintenant commander nos disques favoris sans quitter notre fauteuil et attendre le passage du facteur. Mais si nous ne faisons pas preuve d'un peu de curiosité, nous aurons du mal à sortir du cercle de quelques chanteurs en vogue, plus ou moins talentueux (en général plutôt moins), plus ou moins formatés (plutôt plus) et hautement publicisés par les mass-media.
Mais comment connaître autre chose?
D'abord, en lisant ceux qui prémâchent le travail et vous parlent sans autre intérêt que celui de la passion (2 mots a priori antinomiques) d'artistes qu'ils aiment et ont envie de faire connaître. Pas loin d'ici, il y a Acoustic in pAris ("Acoustique Hervé"), Maître Chronique ("Brother Too"), There's Always Someone Cooler Than You ("Thanu"), Leaky Sparrow ("Leaky Sparrow"), Quiet Man (qui?) dont vous trouverez les blogs en lien, en haut et à gauche de cet écran.
Il y a aussi les sites de vente en ligne qui diffusent les artistes indépendants, je citerai pour exemple CD Baby.
Et puis, il y a les sites de téléchargements indépendants et "DRM free" comme eMusic, Payplay ou DigStation. Je cite ceux que je connais (ce que je connais) mais je compte sur Denis ou Hervé, lorsqu'ils passeront par ici, pour vous laisser d'autres adresses en commentaires.
Il y a aussi les sites de ce que l'on appelle encore les "maisons de disques".
Et puis, il y a les sites des artistes qui souvent vous vendent maintenant directement leurs oeuvres, en ligne (avec paiement par carte bancaire ou par compte PayPal ou Google) à des prix très intéressants. La faiblesse du dollar par rapport à l'euro n'est pas dénuée d'intérêt, à cet égard, pour ceux qui aiment la musique venant du pays de George W.
George W est pour moi l'exemple type de l'artiste que je n'aurais jamais découvert sans internet. Il y en a beaucoup d'autres, de Mark Erelli à Tim Easton, de Laurie Lewis à Liz Meyer, etc.
Pour George W, le cheminement à été le même que pour beaucoup d'autres. Sur un site de téléchargement (eMusic en l'occurrence). Je tombe par hasard sur un nom connu (c'était Jubal Lee Young, fils de Steve Young, auteur de l'immortel "Seven Bridges Road", repris par Eagles ou Ian Matthews). Je clique sur le nom de Jubal Lee Young et à côté, d'autres noms s'affichent, dont ceux de Dave Gunning et George Wirth.
Oui, parce que George W, c'est George Wirth, pas l'autre. Mû par une saine curiosité, je clique sur ce dernier nom et j'aboutis sur un disque intitulé "The Lights of Bregantine". Pour chaque titre (il y en a 13), un "sample" de 30 secondes permet de se faire une idée. Il ne m'a pas fallu 15 secondes pour accrocher: une guitare, un harmonica, une voix râpeuse à souhait (dans la lignée d'un Sam Baker ou d'un Malcolm Holcombe - merci Hervé) et puis des textes et des mélodies.
La démarche, ensuite, est pour moi toujours la même. Je tape le nom de l'artiste sur Google et je vais sur son site web quand il existe. Et pour George W, il existe. Il n'est pas des plus techniquement sophistiqués, mais il est à l'image de la musique de George W et de l'homme lui-même sans doute, simple et sans fioritures inutiles.
On y trouve les textes de son unique album (leur seule lecture nous permet de comprendre que nous avons affaire à quelqu'un qui sait raconter des histoires), le lien vers le site de vente (CD Baby) et quelques informations: les guitares utilisées pour chaque morceau et même le coût du matériel d'enregistrement!
Il y a aussi 5 titres enregistrés en public en 2007 téléchargeables gratuitement ici. Ces titres ont été enregistrés en mai 2007 à l'Albert Hall à Warington, New Jersey, avec 2 amis: Norm Draper et Jim McCarthy.
Et puis, indispensable, le lien vers le "MySpace" qui permet d'écouter quelques morceaux dans de bonnes conditions.
La même démarche m'a aussi amené à James Isaak, déjà auteur de 3 albums dans la veine d'un jeune Bob Dylan. Le dernier, paru il y a quelques semaines, s'intitule "Trying To Find A Way Home".
Rendez une visite à James aussi, ici ou là, vous ne le regretterez pas.
Je peux multiplier les exemples, sinon à l'infini, au moins assez longtemps pour lasser le lecteur impatient. Je me contenterai de lancer quelques noms, votre curiosité fera le reste: Arthur Godfrey, Mark Eltiott, Liz Meyer, I See Hawks In L.A., Laurie Lewis & The Right Hands, Last Train Home, Angel Band, Diana Jones, Becky Schlegel, The Skylighters, Chris Jones, Dave Insley...