Richard Shindell est passé à la Pomme d'Ève le 4 septembre et je n'y étais pas. Je ne sais pas s'il a perdu quelque chose mais moi, oui, c'est sûr.
Richard Shindell, je l'avais découvert en faisant fonctionner mon "browser" sur internet, et en particulier sur eMusic. Sur ce site de téléchargement, on trouve tout ce qu'on ne trouve pas ailleurs. N'y cherchez pas ce qui innonde les supermarchés (on peut quand même acheter le dernier McCartney). Ce site est parfaitement légal, c'est beaucoup moins cher que iTunes et c'est du vrai MP3. J'y ai donc acquis les 6 premiers albums solo de Shindell, ainsi que l'album "Cry, Cry, Cry", enregistré en trio avec 2 "folkeuses" de talent, Dar Williams et Lucy Kaplansky. Ce disque démontrait que Richard, l'un des songwriters les plus doués et les plus fins de sa génération savait aussi mettre en valeur le travail des autres au travers de quelques reprises de choix.
"South of Delia" (merci à Hervé qui me l'a fait parvenir) est un album de reprises, exclusivement. Toutes les générations sont représentées. Des traditionnels: "Sitting on top of the world" et "Texas Rangers"; la Carter Family: "The storms are on the ocean"; Woody Guthrie: "Deportee (Plane wreck at Los Gatos)"; Bob Dylan: "Señor (Tales of Yankee Power)"; Bruce Springsteen: "Born in the U.S.A."; Peter Gabriel (plus surprenant): "Mercy Street"; The Band: "Acadian Driftwood"; 2 titres plus obscurs: "The humpback whale" et "Solo le pido a Dios" (Richard Shindell vit désormais en Argentine); et puis deux des plus grands jeunes talents sont à l'honneur: Jeffrey Foucault avec "Northbound 35" et Josh Ritter avec "Lawrence, KS". C'est d'ailleurs de ce dernier morceau qu'est extrait le titre de l'album.
La qualité des invités est à la hauteur de celle du répertoire. Jugez-en plutôt: Richard lui-même chante (bien) et joue de beaucoup d'instruments à cordes (guitares, dulcimer, bouzouki...) ou non (claviers percussions...). Lucy Kaplansky et Eliza Gilkyson sont aux harmonies; Richard Thompson à la guitare; Tony Trischka au banjo; David Sancious aux claviers; Viktor Krauss (frère de la bluegrasswoman Alison Krauss) à la contrebasse; Larry Campbell à la pedal steel...
Bref, ce disque est un vrai bonheur. Et si vous avez un doute, reportez-vous à la chronique publiée dans "Crossroads" par l'excellent Jacques-Eric Legarde (s'il passe par ici, il peut même faire un copier-coller en commentaire).
En attendant, pour vous donner une idée du talent du personnage, écoutez "Reunion Hill", extrait de l'album du même nom, publié en 1997 (c'était le troisième album solo de l'artiste).
Ensuite, vous aurez envie d'aller faire un tour chez Richard, vous pourrez y faire votre marché: commander les CD (ou les télécharger), découvrir les textes de "Master" Shindell.
Commentaires
@Pascal: "J'avais déjà compris, en visitant ton site cette nuit, ce que j'avais manqué... Je me contenterai donc d'écouter Richard sur disque.."
Tu te rattraperas avec Greg Brown, le 16 avril au New Morning, Ou Jeffrey Foucault, le 21 février à la Pomme d'Eve :)
Quant à moi, je n'aurai qu'un mot, ou plutôt qu'un chiffre : - 3 !
J'aime beaucoup l'extrait de l'album "reunion hill". Je te fais confiance pour le reste, c'est à dire pour les autres morceaux.
Bonne soirée.
De retour de vacances, je fais le tour de mes blogs préférés et puisque Pascal me le demande gentiment, mais Haut et Fort, voici la chronique de South of Delia parue dans Crossroads #56.
Bonne musique pour tous!
RICHARD SHINDELL
South of Delia *****
Indépendant (distribué par Signature Sounds)
Songwriter
On ne devrait plus présenter Richard Shindell, auteur d’une demi-douzaine d’albums depuis 1992 et l’un des tout meilleurs songwriters actuels, dans la lignée des John Gorka, Dar Williams et autres Bill Morrissey. Enregistré entre Buenos Aires où il vit désormais, et Austin, Brooklyn et Woodstock, South of Delia est une invitation à un long voyage, du Canada de Robbie Robertson aux orages sur l’océan de AP Carter en empruntant les méandres intérieurs de "Mercy Street" de Peter Gabriel. Shindell considère ce recueil comme la rencontre de douze narrateurs sur le bord d’une route, quelque part au sud de Delia, Kansas. Ce lieu distant d’environ 350 kilomètres du centre géographique des États-Unis continentaux est évoqué par Josh Ritter dans "Lawrence, Kansas" qui referme l’album. Le premier de ces narrateurs parle du "Grand dérangement", expulsion massive des Acadiens francophones par les autorités britanniques en 1755. C’est "Acadian Driftwood" de Robbie Robertson. Un second lui fait écho, rappelant les expulsions organisées conjointement par les autorités américaines et mexicaines et tout particulièrement celles des travailleurs mexicains victimes le 29 janvier 1948 de la catastrophe aérienne de Los Gatos. C’est bien sûr "Deportee (Plane Wreck at Los Gatos)", l’une des plus célèbres — et des plus virulentes — chansons de Woody Guthrie, qui doit se retourner dans sa tombe avec, entre autres, ce Mur de la Honte de 1200 km érigé le long de la frontière. Ce morceau est suivi par "Solo le Pido a Dios" chanté en espagnol avec l’aide d’un groupe argentin. Un troisième entonne "Born in the USA", No 1 au Top 100 des paroles interprétées à tort et à travers, pour une version folk à mille lieux du hit martelé de 1984 et qui trouve inévitablement une nouvelle résonance dans l’Amérique en guerre de 2007 ; un quatrième nous emmène dans "Mercy Street", sur les traces d’Anne Sexton, poétesse américaine dont l’œuvre noire a fortement impressionné Peter Gabriel. Lucy Kaplansky, que l’on retrouve à plusieurs reprises d’un bout à l’autre de South of Delia, double à merveille la voix de Shindell sur ce morceau. Comme dans de nombreux albums actuels, vous l’aurez certainement remarqué, Dylan est à l’honneur : c’est "Señor (Tales of Yankee Power)", tiré du méconnu Street Legal que Shindell nous propose avec cette voix traînante qui convient à merveille au conte dylanien. Les autres points de vue énoncés au bord de cette route mettent à l’honneur des auteurs contemporains ou puisent dans le répertoire ancien. Dans la première catégorie, Shindell fait appel à deux des meilleures plumes du moment : Jeffrey Foucault pour "Northbound 35" (tiré de l’album Stripping Cane) régulièrement repris en concert, et Josh Ritter pour "Lawrence, KS" issu de Golden Age of Radio, premier album du kid de l’Idaho. Dans la seconde, figure "The Humpback Whale" de l’Australien Harry Robertson gravé par Nic Jones sur Penguin Eggs en 1980. Pour sa relecture de cette histoire de chasse à la baleine, l’un des grands moments de l’album, Shindell s’est entouré de Richard Thompson ("courtesy of himself") à la guitare électrique et de Viktor Krauss à la contrebasse. On les retrouve tous les deux en compagnie de Tony Trishka au banjo sur "Texas Rangers", histoire de ces soldats chargés de protéger les colons Texans contre les bandits mexicains et les Indiens. Les deux derniers titres renvoient eux aussi à des thèmes chers à cet album, à savoir la solitude ("Sitting on Top of the World", dûment interprété en solo par Shindell) et au départ ("The Storms are on the Ocean" de AP Carter avec le superbe violon de Sara Milonovich).
Richard Shindell sera en concert à la Pomme d’Eve le 4 septembre pour un concert Acoustic in Paris, une occasion unique de découvrir un immense songwriter dont je recommande tout particulièrement Reunion Hill produit en 1997 par Larry Campbell (à la guitare sur plusieurs titres de South of Delia), le live Courier qui comprenait déjà "Sandy" du Boss (2002) ou encore Cry Cry Cry, album de reprises (REM, James Keelaghan ou Ron Sexsmith) enregistré en 1998 avec Dar Williams et Lucy Kaplansky. Que du bonheur.
Jacques-Eric Legarde
À ranger entre Nic Jones et Brucie
- 2 !
Merci JEL... Je savais que je pouvais compter sur toi... Un jour prochain, je ferai la liste des artistes / disques dont je te dois la découverte...
@ Maître C: que signifie ce compte à rebours?
Réponse dans 2 jours !!!
Et je dirais même plus : - 1 !
Alors voilà... tout ce décompte depuis plusieurs jours pour souhaiter UN TRES HEUREUX ANNIVERSAIRE A QUIET MAN qui fête aujourd'hui ses...
Non, je ne donne pas son âge, mais je laisserai simplement quelques indices, trois plus exactement :
1°) L'âge de Quiet Man est en quelque sorte un palindrome ;
2°) S'il était encore vivant, l'âge de notre grand-père, à Quiet Man et moi, serait exactement le double de celui qu'on fête aujourd'hui ;
3°) D'un point de vue géographique, il est intéressant de noter que l'âge de Quiet Man correspond cette année à son département de naissance.
Voilà, j'en ai assez dit. A vous tous de trouver la solution à cette énigme. Quant à vous, les champenois, faites rafraîchir les bulles !!!
Je ne connais pas la musique du disque, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que la pochette est belle!