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Blue Umbrella - Page 4

  • Un disque, un jour: Chris Hillman - Morning Sky (1982)

    Mercredi 27 juillet 1983, Music Action, Carrefour de l'Odéon, Paris.

    Chris Hillman avait déjà en 1982 un carrière bien remplie. Musicien de la scène californienne, c'est en qualité de mandoliniste qu'il fut membre au début des sixties des Scottsville Squirrel Barkers et des Hillmen. Mais c'est comme bassiste (électrique) qu'il se fit connaître avec les Byrds dont il resta membre jusqu'à l'album country du groupe, "Sweetheart Of The Rodeo", marqué par l'émergence d'une grande star du genre, Gram Parsons. Durant ses années Byrds, Chris fut sans doute le membre le plus discret, rarement sur le devant de la scène au contraire de Roger (Jim) McGuinn, Gene Clark ou David Crosby. Son influence était pourtant bien réelle comme le démontre l'album "Younger Than Yesterday".

    Gram et Chris quittèrent les Byrds pour fonder les Flying Burrito Bos avec lesquels Chris enregistra 3 albums (le dernier sans Gram).

    Après les FBB vint le moment de l'association avec Stephen Stills et Manassas pour deux albums dont le premier reste parmi les chefs d'oeuvre du country-rock. De Stephen Stills, Chris dit qu'il est celui auprès duquel il a le plus appris, notamment en matière de songwriting.

    La mode étant aux super-groupes depuis Crosby, Stills & Nash, les disques Geffen tentèrent de lancer le leur avec, eux aussi, un ex-Byrds (Chris Hillman) et un ex-Buffalo Springfield (et ex-Poco, Richie Furay) auxquels ils ajoutèrent le songwriter préféré d'Eagles, John David Souther. Souther, Hillman & Furay enregistrèrent 2 albums qui rencontrèrent un succès mitigé.

    Chris se lança alors dans une carrière solo avec 2 albums: "Slippin' Away" (1976) et "Clear Sailin'" (1977). Deux albums country-rock, pas éloignés de ce que Chris avait enregistré avec les Byrds.

    Arriva 1982 et ce fut "Morning Sky"

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    Ce disque est pour Chris celui du retour aux sources du bluegrass. Un bluegrass qui n'est pas traditionnel et aride comme il peut l'être parfois. Les musiciens qui l'accompagnent sont tous issus du genre (Herb Pedersen / Byron Berline / Al Perkins / Kenny Wertz / Emory Gordy / Bernie Leadon) dont ils sont des as.

    La tonalité générale est très mélodieuse, il s'agit du style de country music que je préfère, nourri au sein de la tradition, de celle du bluegrass plus particulièrement, avec une instrumentation faisant la part belle aux guitares acoustiques et à la mandoline ainsi qu'aux harmonies vocales.

    Quant aux titres, c'est presque un "best of" idéal avec notamment 3 des plus belles chansons jamais écrites: "Tomorrow is a long time" de Bob Dylan, "Good time Charlie's got the blues" de Danny O'Keefe et "Ripple" de Jerry Garcia & Robert Hunter (Grateful Dead). Ajoutez-y Kris Kristofferson ("The Taker"), Dan Fogelberg ("Morning Sky"), J.D Souther ("Mexico"), John Prine ("It's Happening To You") et Gram Parsons ("Hickory Wind") ainsi que 2 titres traditionnels du répertoire country / bluegrass ("Here today and gone tomorrow" et "Don't let your sweet love die") et vous obtiendrez l'un des plus beaux disques du genre, qui fait toujours mon enchantement 26 ans plus tard.

    En 1984, Chris publia un autre disque du même tonneau "Desert Rose" et ce fut l'aventure du Desert Rose Band pour 5 bien beaux albums. Mais c'est une autre histoire.

    En attendant, écoutons Chris.

     
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  • A John Prine Christmas

    John, mais si!

    Depuis que j'ai publié ma note de Noël, joliment illustrée par Mindy Smith, mes innombrables lecteurs ne cessent de me harceler!

    Et ton John Prine, il n'a pas fait son Xmas record?

    Mais si, John, le messie de la musique, a fait son disque de Noêl. Il s'appelle "A John Prine Christmas" et a été publié en 1993

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    Et pour ceux qui me poseront la question, je réponds: la photo (colorisée), c'est "John Prine & Santa", circa 1949. Il a changé, le p'tit, non?

    Je ne sais pas comment il chantait à l'époque, mais sur le CD, ça donne ceci:


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  • Joyeux Noël

    Mindy Smith - My Holiday

    Si vous cherchez un disque de Noël, vous avez le choix.

    Pourquoi pas Mindy Smith et son "My Holiday", publié en 2007?

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    Cette jeune artiste (qui a participé vocalement à "Fair & Square de John Prine", on y revient toujours) mêle avec talent compositions originales et airs traditionnels.

    Jugez-en vous même.


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  • Un disque, un jour - Tim Buckley: Dream Letter, Live In London

    10 juin 1968, l'état de grâce

    Vendredi 26 octobre 1990, à la Clé de Sol, Châlons sur Marne

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    Tim Buckley était né le 14 février 1947. Il est décédé, après une vie marquée par les excès, le 29 juin 1975. Il n'avait que 28 ans. Sa courte existence lui aura néanmoins permis d'enregistrer et publier 9 albums studio et de se faire connaître pour ses talents de songwriter et sa voix, une des plus exceptionnelles de la "rock-music", dans un répertoire allant du folk au jazz.

    Mais pour prolifique qu'il ait été, Tim nous laisse un goût d'inachevé, de promesses non tenues et il faut bien reconnaître que son oeuvre est inégale malgré de très grands moments. Aujourd'hui, Tim est presque oublié et on le connaît surtout (vaguement) comme le père de Jeff qui, lui, n'a sorti qu'un album ("Grace") de son vivant (il est mort tragiquement en 1997 alors qu'il n'avait pas 31 ans). Et Jeff, on s'en souvient surtout pour sa performance dans la reprise du titre de Leonard Cohen, "Hallelujah", au cours de laquelle il tutoie les anges.

    Pouvez-vous imaginer une seule minute que cet instant irréel se prolonge 2 heures durant? Et qui plus est, dans les conditions du direct, c'est à dire en une seule prise? Non, bien sûr. C'est pourtant ce que ce "Dream Letter", enregistré le 10 juin 1968 au Queen Elizabeth Hall de Londres nous propose, et plus, et mieux encore. Ce jour-là, pour des raisons financières, Tim ne se produisait pas avec ses musiciens américains habituels, John Miller et Carter "C.C." Collins, restés au pays et remplacés par Danny Thompson (du groupe folk Pentangle) à la basse et David Friedman au vibraphone. Seul le fidèle Lee Underwood était là avec sa guitare. Et Tim, bien sûr, avec sa 12 cordes acoustique.

    Dès le début, avec "Buzzin' Fly", on sent que quelque chose est en train de se passer. Mais ce morceau folk, plutôt facile d'abord, n'est qu'un aimable apéritif. Avec le deuxième morceau, "Phantasmagoria In Two", on passe à la dimension supérieure, presqu'irréelle. La voix de Tim donne sa pleine puissance tout en jouant sur la corde de l'émotion. On oublie qu'il y a un public, les musiciens sont parfaits dans leur retenue, intervenant à bon escient. Et que dire des morceaux que Tim interprète en solo comme "The Earth Is Broken", où il laisse sa voix aller vers des sommets insoupçonnés? Quant arrive la fin du premier CD avec le medley "Pleasant Street / You Keep Me Hangin' On", on sait que l'on a affaire à un chef d'oeuvre mais l'on est aussi persuadé, hélas, que cela ne peut pas durer à ce niveau de qualité, avec une telle intensité, une telle émotion. Et pourtant...

    Pourtant, la seconde partie du concert sera encore plus forte, encore plus belle. "Love From From Room 109" qui débute le second CD nous offre un moment d'une beauté indescriptible, et Tim continue, jouant de sa voix comme d'un instrument qu'il n'a jamais aussi bien maîtrisé. Et Tim n'a que 21 ans. Sans doute, ce jour-là, a-t-il atteint un sommet pour un moment exceptionnel et qui le restera. Peut-être ne s'en est-il jamais remis? Puis les musiciens s'en vont et Tim reste seul avec sa guitare 12 cordes (il est aussi excellent guitariste) et nous entraîne pour un medley "Wayfaring Stranger / You Got Me Running" qui s'étire sur plus de 13 minutes sans une seconde de baisse d'intensité. Et quand les musiciens reviennent pour un dernier titre, "Once I Was", on a l'impression d'un immense ring où tout le monde est K.O. debout, et Tim, toujours sublime, assène le le coup final.

    Cet album est paru 22 ans après le concert, 15 ans après la disparition du chanteur, rendant enfin justice à l'immense artiste qu'il fut. Si jamais l'expression "état de grâce" a un sens, c'est ici qu'elle le trouve. Comme si ce jour-là une force supérieure avait guidé Tim.

    Pourquoi cet enregistrement est-il resté si longtemps dans les cartons? Pourquoi n'a-t-il pas été publié du vivant de Tim? Je l'ignore mais, ce que je sais, c'est qu'il aura toujours la même actualité, la même force, dans 20 ans, dans 50 ans.

    "Dream Letter - Live In London" fait partie des rares disques que je peux réécouter depuis 18 ans avec la même émotion, que je ne peux pas entendre sans être parcouru de frissons. Je n'ai pas en mémoire d'autres enregistrements "live" atteignant une telle perfection. Et de tous les disques de Tim Buckley, s'il n'en reste qu'un, ce doit être celui-là!

    Pour finir, un titre contemporain de ce concert (mais pas chanté ce soir-là), "Sing A Song For You", paru à l'origine sur "Happy Sad".

     

     

  • Femmes, je vous aime (10): Gillian Welch

    Juliet, cette inconnue aux goûts ma foi fort estimables, m'a soufflé le nom de Gillian Welch qui mérite bien que je lui consacre quelques minutes pour vous la faire connaître.

    Gillian est née à Manahattan le 2 octobre 1967. Adoptée à l'âge de 3 ans, elle émigra vers Los Angeles l'année suivante. Elle demanda et obtint une guitare en cadeau à 8 ans et commença aussitôt son apprentissage. Alors qu'elle était étudiante à Santa Cruz, elle découvrit le bluegrass par les Stanley Brothers et fut séduite par leur "Mountain Soul". Elle partit ensuite pour Boston où elle étudia au "Berklee College of Music".

    C'est là qu'elle rencontra David Rawlings avec qui débuta un partenariat musical qui dure toujours en 2008 ("We're a two-piece band called Gillian Welch"). En 1992, ils décidèrent de se rendre à Nashville afin d'y entamer une carrière musicale. Ils rencontrèrent James Henry "T-Bone" Burnett, ce producteur extraordinaire, qui eut une influence déterminante sur la carrière de Gillian.

    Les qualités de songwriter de Gillian (avec ou sans David) furent vite reconnues et, dès avant la parution de son premier album, Tim & Mollie O'Brien, Emmylou Harris ou The Nashville Bluegrass Band avaient inscrit ses compositions à leur répertoire. C'est d'ailleurs par Emmylou et "Orphan Girl", sur l'album "Wrecking Ball" publié en 1995 queje découvris Gillian Welch.

    En 1996 parut "Revival", produit par T-Bone.

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    Ce premier album donnait le ton de ce qui allait devenir la marque de fabrique de Gillian et David. Un musique acoustique, fermement ancrée dans la tradition, celle héritée notamment de la Carter Family. 11 compositions dont les superbes "Orphan Girl", "Tear My Stillhouse Down" ou "Barroom Girls".

     Depuis, 3 nouveaux albums sont venus enrichir la discographie Miss Welch.

    Il y eut tout d'abord "Hell Among The Yearlings" en 1998.

     

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    Ce fut ensuite "Time (The Revelator)" en 2001.

     

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    Et enfin "Soul Journey" en 2003.

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    Le moins que l'on puisse dire, c'est que Gillian Welch ne nous abreuve pas d'une production surabondante, privilégiant une qualité qui ne se dément jamais. Le style reste le même, avec des évolutions qui n'en changent pas l'esprit, comme l'introduction parcimonieuse de quelques instruments électriques ou d'une batterie.

    Gillian Welch s'est également illustrée (en compagnie de T-Bone Burnett) en collaborant à la production de la partie musicale du film des frères Coen "O Brother, Where Art Thou?". Elle participe vocalement à 2 morceaux et fait même une apparition fugitive dans le rôle de la cliente d'un disquaire chez qui elle cherche le titre des Soggy Bottom Boys "Man of Constant Sorrow".

    Son talent de songwriter a été reconnu par les plus grand(e)s et de Joan Baez au Nitty Gritty Dirt Band, en passant par Alison Krauss, Calvin Russell, Allison Moorer ou Jimmy Buffett, on ne compte plus ceux qui ont repris ses compositions.

    Pour ceux qui ne la connaissent pas, je propose une version de "Orphan Girl", enregistrée en public en 1997 et non publiée officiellement:



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