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  • La Démocratie est en danger

    22 avril, date charnière

    La démocratie dans notre pays est en passe de devenir ce qu'elle fut dans les années 1930 en Allemagne. De plus en plus de faits et de déclarations nous obligent à nous poser des questions, à nous interroger sur ce qui nous attend si...

    On peut être porté à la magistrature suprême par le peuple et devenir un tyran. "Le Dictateur" de Charlie Chaplin jouait avec le monde comme si c'était un ballon. D'autres jouent avec la France et avec les Français...

    Nous devons entrer en résistance avant qu'il ne soit trop tard, par tout moyen.

    Si vous n'êtes pas convaincus, je vous invite à cliquer sur le lien intitulé "Laurent le Magnifique".

    Laurent est Gaulliste et Villepiniste et soutient Bayrou pour cette élection. On n'est pas obligé de partager ses idées ni son choix. Mais il est intéressant de lire le point de vue de quelqu'un qui, a priori, vient de la même famille politique.

    Laurent nous offre une analyse objective (avec sa "grille de lecture") et factuelle au jour le jour, appelant à faire barrage au président de l'U.M.P.

    Ce T.S.S. ("Tout Sauf S..." cher à Maître Chronique et à La Fraise), je le partage au plus haut point.

    Et j'ai peur...

     

  • Femmes, je Vous aime (7)... Une autre Première...

    SUZANNE VEGA

    Suzanne, pour ceux de ma génération, c'est d'abord une chanson de Leonard Cohen. Pour les amateurs de musique californienne, ce peut être aussi l'épouse et muse de Jesse Colin Young qui lui consacra plusieurs chansons.

    Depuis un jour de décembre 1987, pour moi, c'est d'abord Suzanne Vega.

    Je venais de m'offrir pour Noël mon premier lecteur CD mais, dans la petite ville d'Argonne où j'habitais, il était impossible de se procurer un CD. Aucun magasin n'en vendait encore. Mon marchand de lecteur me prêta un Fleetwood Mac ("Tusk" ?) et un Roxy Music ("Avalon") pour me permettre d'essayer mon nouveau jouet (avec changeur 6 CD) pendant le weekend.

    medium_Suzanne_2.jpgVint la reprise du travail la semaine suivante. Je me rendis dans un hypermarché de la capitale de Champagne-Ardenne où je fis l'acquisition de mes 2 premiers CD: "A Momentary Lapse Of Reason" de Pink Floyd et "Solitude Standing" de Suzanne Vega.

    Je ne connaissais cette dernière que de nom, pour avoir lu une critique de son premier album dans Rock & Folk. Je savais que c'était une chanteuse (qui écrivait son répertoire) de Folk de New York, and that was all, folks!

    Le premier disque que je mis sur ma platine fut le sien. Et là, ce fut une révélation. Un ton bien à elle, une guitare acoustique omni-présente et mise en valeur par des orchestrations plus musclées sur les titres le justifiant, une voix feutrée et expressive. Bref, Suzanne était à l'opposé de ce que je n'aimais pas dans le folk féminin à l'époque (j'avais du mal à supporter les effets de voix de Joan ou Judy et je préférais les artistes ayant une couleur plus "blues", à l'image de leurs homologues masculins).

    Que dire d'autre de ce disque? Le titre d'ouverture (et de conclusion), "Tom's Dinner" mettait dans l'ambiance, hommage en forme de ronde enfantine à un "Coffee shop". Le titre fort était "Luka", avec ses arrangements où la guitare électrique établit un climat dramatique sur un thème difficile ("l'abus" des enfants). Le morceau titre, "Solitude Standing", "Ironbound / Fancy Poultry" sont du même niveau, alors que d'autres, plus dépouillés, sont plus dans la veine du premier album de la dame.

    medium_Suzanne_1.jpgCe premier album, titré simplement "Suzanne Vega", je l'ai découvert peu après. Un peu moins "fort" que son successeur, il n'en est pas moins une première oeuvre parfaitement réussie, d'une grande maturité, avec notamment le titre "Marlene On The Wall".

    Et Suzanne a poursuivi son petit bonhomme de chemin, discrètement, nous offrant 4 autres albums, le dernier en date (2001) étant l'excellent "Songs In Red And Gray". Pas envahissante, Madame Vega.

    Et puis, surprise! La semaine dernière, lors du journal vespéral de TF1, j'entends le nom de Suzanne Vega à qui un reportage était consacré à l'occasion de la sortie de son septième album, 6 ans après le précédent.

    Je suis sûr que notre attente n'aura pas été vaine...

  • 1451

    Il y près d'un an, j'avais publié une note intitulée de manière un peu amphigourique "18739".

     

    Ce titre faisait référence au numéro de dossard que je ne porterais pas lors du marathon de Paris pour lequel je me préparais activement lorsque Dame Santé émit un avis contraire, le 5 février 2006. Ce fut un moment difficile et plus encore le furent les mois qui suivirent, pendant lesquels je ne fis pas le moindre footing, activité que je pratiquais régulièrement depuis 13 ans, ayant même contracté rapidement le virus de la compétition, à plus de 40 ans.

    Oh, vous n'avez jamais lu mon nom dans "L'Équipe" ni vu mon visage à Stade 2. L'un des avantages de la course sur route (ou de la course nature) est que l'on mélange les sportifs du dimanche et les athlètes de haut niveau, les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes sans aucun problème de cohabitation.

    Si ces mois furent difficiles, j'appris cependant rapidement à relativiser, mes activités professionnelles de l'époque m'ayant amené à côtoyer des personnes endurant des souffrances bien pires que les miennes, avec une dignité et un courage exemplaires.

    Debut septembre, le spécialiste en médecine que je voyais pour la deuxième fois m'autorisa à reprendre tranquillement le footing avec des précautions, ce que je fis dès le lendemain, veille de mon anniversaire. 6 kilomètres, il faisait chaud, j'avais quelques kilos en plus et du souffle en moins, mais la souffrance donna naissance à un réel plaisir. J'ai continué ainsi, sans forcer, allongeant progressivement les distances, sans pour autant pouvoir me présenter au départ d'une course pour laquelle un certificat médical est légalement obligatoire.

    Ce précieux sésame me fut enfin donné le 19 mars dernier par mon cardiologue après une dernière visite chez le spécialiste. Je pourrais donc "Courir pour la Vie" le 1er avril! Quasiment devant ma porte, dans des rues dont je connais le moindre pavé, la moindre ornière.

    Je suis donc allé m'inscrire sur le 10km (raisonnable, toujours) au secrétariat du C.O.C.A.A. où l'on me remit mon dossard: le 1451 (d'où le titre de cette note, mais vous l'aviez déjà compris). medium_DSC00612.JPGJ'allais enfin pouvoir ressortir mes épingles de nourrice pour fixer ce dossard à mon maillot. 427 jours après ma dernière compétition (un championnat régional de cross country); 506 jours après ma dernière course sur route (7km un 11 novembre); 553 jours après mon dernier 10km. Une éternité, à mon âge. Mais qu'importe, la vie était belle!

    Elle l'était d'autant plus que le même soir, lors d'un footing un peu plus poussé, je pus vérifier que j'étais capable de tenir 10 kilomètres en moins de 48 minutes sans me faire mal.

    Le lendemain, elle l'était un peu moins. Je n'avais pas eu un rhume depuis plus d'un an et, juste au mauvais moment, les microbes m'envahissaient de manière méchante. Pendant 48 heures, je n'étais pas très optimiste pour ma participation à la course du dimanche. Mais samedi matin, j'avais mieux dormi, les jambes n'étais pas molles et comme de toute façon on ne respire pas avec le nez en courant… Même constat dimanche matin.

    J'allais donc partir avec l'objectif que je m'étais fixé: finir entre 47'30 et 48'00". Mieux peut-être,  un peu moins bien plus vraisemblablement compte tenu de l'état de santé, mais de toute façon, en étant raisonnable. À titre de comparaison, en 2004, sur ce même parcours (à quelques détails près pour cause de travaux), j'avais réussi 39'27", temps que j'aurais encore pu réaliser au printemps 2006 si…

    Entre temps, 7 mois d'inactivité totale, et puis un entraînement fondé sur une certaine qualité (adaptée aux compétitions et aux objectifs) remplacé par une addition de séances de foting à un rythme plus "pépère". Et je n'oublie pas que la nature a laissé quelques traces et fait quelques dégâts dans mon organisme. Et qui veut courir longtemps ménage ses guiboles…

    Dimanche 1er avril, 13h00, c'est l'heure de l'échauffement (léger compte tenu des objectifs modestes). Je choisis plutôt de me rendre sur les berges du canal tout proche plutôt que sur le parcours macadamisé que je connais par cœur. 2O minutes de footing tranquille et, après avoir enfilé mon débardeur, je me dirige doucement vers le départ situé à quelques hectomètres de chez moi.

    Je retrouve des visages amis: Christian, Elena, Marc, Bruno et quelques autres. Une préoccupation, ne pas partir trop vite: entre 4'45" et 4'50" au kilomètre, plus vite je ne tiendrais pas. Et je veux surtout finir plus vite que je ne commencerai. 24 minutes pour la première boucle de 5 kilomètres, ce serait parfait.

    13h45. Départ dans 5 minutes. Tiens le soleil perce enfin définitivement la brume qui traînait depuis le matin, C'est bien pour les spectateurs, un peu moins pour les coureurs (surtout pour les semi-marathoniens qui s'élanceront à 15h30).

    Encore quelques poignées de mains, et le pistolet claque. C'est la ruée. Plus de 800 personnes au départ, il faut se méfier, il y toujours des inconscients, placés sur les premières lignes depuis ½ heure, qui vont partir comme des escargots endormis au risque de provoquer un chute. D'ailleurs la chute intervient au bout de 30 mètres. Bernard, un ami rémois (qui me devançait toujours de quelques poignées de secondes les années précédentes) en est la victime avec un militaire. Mais tous deux se relèvent et finiront à une place honorable.

    Au bout de 400 mètres environ, on peut courir enfin de manière plus décontractée. Les espaces se créent, et c'est tant mieux car c'est le premier virage, près de la prison. J'ai l'impression de ne pas aller vite, je ne force pas. Il faut attendre le panneau "KM 1" pour savoir mais, à medium_d539re2.jpgmon avis, c'est bon. Surprise, je passe en 4'26", c'est trop vite pour moi (et encore, il faut retrancher à ce temps les quelques secondes nécessaires pour franchir la ligne de départ). Je ralentis donc, du moins le crois-je car la deuxième "borne" est effectuée en 4'18". J'ai vraiment tout faux, d'autant que je sens que ma respiration est loin d'être optimale (maudite rhino-pharyngite!), les poumons semblent rétrécis.

    D'un seul coup, le pessimisme m'envahit, je dois absolument trouver le bon rythme, revenir au-dessus de 4'45", sous peine de souffrir sur la fin. 4'36" pour le troisième kilomètre, encore trop vite. Quelques spectateurs me reconnaissent et m'encouragent par mon prénom ou mon nom. Et j'aperçois JaPal qui doit lire la préoccupation sur mon visage. Voici la rue de la Marne, en léger faux-plat montant, de nouveau empruntée avec son beau  revêtement pavé (un pavé régulier, rien à voir avec Paris-Roubaix). 4ème kilomètre en 4'39" et je sens que les jambes tournent moins bien, j'ai chaud, la tête est envahie de pensées négatives. Ma compétition commence. La lutte contre le doute. Je suis largement en avance sur mon objectif (22'46") à la mi-course mais je sais que je vais souffrir.

    C'est la seconde moitié, les rues empruntées un peu plus tôt s'offrent encore à mes semelles mais le parcours semble plus difficile. Et je vois de plus en plus de concurrents me dépasser, à commencer par Céline, la jeune fille d'un ami coureur. Rien de grave, je suis encore en avance. Il faut simplement tenir à un peu moins de 5 minutes au kilomètre. J'y parviens aux sixième et septième.

    Le suivant est parcouru en 5'06". Et pourtant, je n'ai pas vraiment mal aux jambes, les poumons et le cœur ne donnent pas de signe alarmant. Non, simplement moins d'envie, moins de motivation et surtout moins d'énergie, moins de carburant. La cadence de mes foulées s'est adaptée à mes capacités du moment. Il me reste un peu plus de 10 minutes pour rester dans mon objectif. Tout va bien mais j'ai du mal à m'en convaincre!

    Début du neuvième kilomètre, je repasse devant JaPAl qui doit me voir grimacer et qui a constaté que des coureurs que je précédais au premier tour sont maintenant devant moi… Revoici la rue de la Marne dont la pente paraît plus forte. 5'09" pour ce kilomètre. Et c'est le début du dernier, le panneau est devant l'entrée du Centre Financier de La Poste… Deux ou trois virages, une jeune Rémoise me dépasse, je reviens à sa hauteur pendant quelques dizaines de mètres puis la laisse filer au moment ou un concurrent venu de l'arrière relance l'allure.

    Ça y est! Enfin la dernière ligne droite! Le portique d'arrivée et le chrono sont en vue. Je remets en route la machine fatiguée et dépasse 2 ou 3 compagnons de souffrance. La ligne est franchie en 47'38". C'est le temps que j'espérais, et pourtant je n'ai pas le sourire attendu en franchissant la ligne, j'ai l'impression d'avoir couru "à l'envers". Au lieu de partir tranquillement et de finir "facile" mais plus vite, j'ai fait tout le medium_6595re2.jpgcontraire.

    C'est la restitution du dossard (avec puce électronique intégrée). En échange, le traditonnel tee-shirt et le sachet de ravitaillement aux couleurs d'une banque qui se dit pleine de bon sens. À la sortie du sas je retrouve JaPal avec qui j'échange les premières impressions. Elle est rassurée de me voir à peu près en bon état car elle avait nettement perçu ma baisse de régime entre les deux tours.

    Maintenant, retour at home pour la douche. Nous croisons la longue file des concurrents (parmi lesquels Madame et Monsieur "Landolina") qui continuent leur procession vers l'arrivée, leur prodiguant quelques encouragements. Je me dis que beaucoup souffrent plus que moi et, redevenu spectateur, je me sens admiratif…

    Le bilan? Au-delà des chiffres et d'un anecdotique classement (320ème sur 793 classés au "scratch", comme on dit), il me reste le plaisir de m'être retrouvé au milieu d'un peloton, d'être allé jusqu'au bout et d'avoir atteint mon objectif. Et puis, même si je sais que j'ai mal couru, j'ai pu me rendre compte (sur les premiers kilomètres) que je serais sans doute capable de faire mieux la prochaine fois, avec un entraînement adapté. Qui sait? Peut-être 45'00" le 9 juin pour le 10 bornes de l'A.S.P.T.T. Châlons? C'est le défi que je me lance!

     À suivre…

  • Femmes, je Vous aime (6)... June (for my Sister)

    June Carter Cash – Wildwood Flower (2003)

    June Carter est tombée dans la musique à sa naissance. Souvenez-vous de la Carter Family déjà évoquée ici, à propos du "Folk dans tous ses états" ou là, lorsque j'ai présenté le triple album "Will The Circle Be Unbroken").

    June Carter était la fille de Maybelle Carter qui chantait et jouait de la guitare et de l'autoharpe au sein de la célèbre famille. Son style influença et influence toujours des générations d'artistes (country, folk, bluegrass…) qui lui rendent régulièrement hommage. Après la dissolution de la Carter Family originelle, elle perpétua la tradition en continuant à se produire avec ses trois filles, Anita, Helen et June. June Carter était aussi la seconde épouse de Johnny Cash et la turbulente naissance de leur amour, qui dura jusqu'à la mort, est la toile de fond du très beau film "Walk The Line".

    June est décédée quelques mois avant Johnny, le 15 mai 2003, et, comme lui pour "American V – A Hundred Highways", elle avait eu le temps d'enregistrer un dernier et superbe album. À vrai dire, la production discographique de June au cours de ses 35 dernières années d'existence fut très limitée dans la mesure où, malgré son immense talent, elle s'était, par choix personnel, effacée derrière ses filles et surtout derrière son géant de mari, se contentant le plus souvent de l'accompagner vocalement lors de ses concerts.

    medium_June.2.jpgPour toutes ces raisons, "Wildwood Flower", publié quelques semaines après le décès de June, est plus qu'un simple disque. Laissons à cet égard s'exprimer Rosanne Cash, fille de Johnny, et très proche de sa "step mother".

    "Ce disque, "Wildwood Flower", est la somme musicale d'une vie extraordinaire. Je l'ai entendu pour la première fois le 10 mai 2003. Mon père me l'a fait écouter à l'occasion d'une courte pause pendant notre veille auprès du lit de June lors de sa maladie finale. Au milieu du disque, je compris que j'écoutais plus qu'une collection de chansons, j'écoutais une autobiographie, presque cinématique par nature, et donnant une vision tès compréhensible de la vie de June. Lorsque nous arrivames à "Will You Miss Me When I'm Gone", j'éclatai en sanglots et me mis à frissonner jusqu'à l'os. Je savais qu'elle nous disait adieu, qu'elle faisait le bilan de sa mission, et que son âme, à un niveau supérieur à la conscience quotidienne, en avait dirigé la création.

    La peine causée par la perte imminente était comme une brume nous enveloppant, mon père et moi, pendant que nous écoutions, et le côté poignant du fait d'entendre un passé musical et culturel qui fait partie désormais de l'histoire était, et est toujours, profondément émouvant. Mais l'élément central et le plus important de ce disque est June elle-même: sa grâce; son humour; ses racines "appalachiennes"; sa tranquille compréhension et sa fierté puisée dans le fait d'occuper une place permanente dans l'évolution de la musique américaine; ses rôles d'épouse et de mère; son élégance et sa vie intérieure; sa discrétion dans la peine comme dans la joie; son intemporalité. Ce disque, comme June elle-même, est un trésor à la fois contemporain et historique. Les chansons sont présentées de manière délicate et exquise à la fois. Elle a choisi ce que je considère comme probablement les sept meilleures chansons d'A.P. Carter parmi le catalogue entier de la Carter Family. "Keep On The Sunny Side", "Storms Are On The Ocean", "Sinking On The Lonesome Sea", "Church In The Wildwood / Lonesome Valley", "Cannonball Blues", "Will You Me Me When I'm Gone", "Anchored In Love" plus, évidemment, "Wildwood Flower".

    Depuis sa brillante jeunesse (dont ce disque nous offre un court aperçu extrait d'une émission de radio en 1944) jusqu'à cette nouvelle compilation, elle a dû chanter ces morceaux des milliers de fois. Il n'ont rien perdu de leur potentiel; bien plus, ils ont même atteint un pouvoir quasiment mystique avec le temps. June est aussi concernée quand elle les chante ici, en qualité d'ancienne, qu'elle l'était lorsque, encore adolescente, elle les chantait en tournée avec sa mère et ses sœurs…".

    Rosanne nous parle ensuite de la June qu'elle a connue et nous dit quel être humain merveilleux elle était. Elle termine par le "discours" qu'elle a prononcé lors de ses obsèques.

    Pour en revenir à la musique, June nous offre également quatre de ses compositions: "The Road To Kaintuck" et "Alcatraz" (co-signées par sa sœur Helen), "Kneeling Drunkard's Plea" (écrite avec Maybelle, Helen et Anita) et "Big Yellow Peaches" (avec une introduction amusante au sujet de Lee Marvin). Le dernier titre "Temptation", joyeux, est le seul à ne pas porter le label "Carter".

    Le disque est produit par John Carter Cash (fils de June et Johnny), et Johnny est très présent, avec quelques apparitions vocales, de même que quelques membres de la tribu: Laura Cash, Carlene Carter, Marty Stuart, Tiffany Anastasia Lowe, Lorrie Carter Bennett, Joe Carter, Janet Carter.

    Il faut aussi souligner l'omniprésence du sublime et discret Norman Blake (autre géant méconnu du genre) à la guitare acoustique, accompagné de son (ex)épouse Nancy à la mandoline, à la mandola et au violoncelle.

    Ce que l'on ressent à l'écoute de ces treize titres ne peut pas être décrit. Bien sûr, la voix de June est fatiguée et n'atteint plus les hautes notes qui nous enchantaient quelques années avant. Mais l'émotion est telle que l'on croirait la toucher et lorsque le dernier titre commence, le fameux "Wildwood Flower" (que dans "Walk The Line" elle présentait comme le titre préféré de Mother Maybelle), lorsque parviennent à nos oreilles les notes de l'autoharpe de la même Maybelle délicatement égrenées par les doigts de June, il faudrait être de pierre pour ne pas avoir la larme à l'œil. Ces notes nous touchent au plus profond de l'âme.

    Le recto du livret du CD (cf. reproduction plus haut) est aussi un parfait résumé de ce que fut June. Quant au verso, il représente deux colombes unies en un tendre bec-à-bec, deux mains jointes, et la mention "Ever Yours".

    Et le disque lui-même est ce qu'on appelle un "enhanced CD". C'est-à-dire que si vous le passez sur votre PC vous bénéficierez d'un bonus vidéo vous permettant d'assister, entres autres, à des extraits de l'enregistrement de l'album. Ce sont sans doutes les dernières images musicales de June et Johnny ensemble. Là encore, difficile de ne pas craquer devant ces deux immenses artistes consacrant leurs dernières forces à ce qui fut l'amour commun de toute leur vie: la musique.

    Et après cela, comment ne pas avoir envie de (re)découvrir la Carter Family?