Et la musique, dans tout ça, que devient-elle?
Eh bien, chers lecteuses et lecteurs, elle survit.
Deux preuves en provenance de deux de nos New Yorkers favoris:
♫
BRUCE SPRINGSTEEN: LIVE IN DUBLIN
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Et la musique, dans tout ça, que devient-elle?
Eh bien, chers lecteuses et lecteurs, elle survit.
Deux preuves en provenance de deux de nos New Yorkers favoris:
♫
BRUCE SPRINGSTEEN: LIVE IN DUBLIN
La Pomme d'Ève, jeudi 26 avril 2007
Après quelques disques en duo avec Chip "Wild Thing" Taylor, Carrie Rodriguez nous a gratifiés d'un excellent "Seven Angels On A Bicycle" en 2006.
Ce soir, elle fait une halte, accompagnée de ses musiciens, à La Pomme d'Ève grâce à Acoustic in Paris. C'est le premier concert de la tournée européenne de cette Texane, violoniste et chanteuse.
Au programme également, Stephen Simmons.
Il n'est pas trop tard pour mettre cette excellente soirée à votre programme (La Pomme d'Ève - 1 rue Laplace - Paris 05, tout près du Panthéon).
Vous pouvez aussi rendre une visite à Carrie pour faire sa connaissance.
Dans le troisième volet de la saga "Femmes, je Vous aime", j'avais évoqué le disque de duos de John Prine, "In Spite of Of Ourselves"... Vous avez eu les mots, mais avec les images et la musique c'est encore mieux...
http://songsillinoismp3.blogspot.com/2007/04/youtube-saturday-iris-dement-wjohn.html
Voici donc John Prine, accompagné de Iris DeMent pour la chanson qui a donné son titre à l'album et qui avait à l'origine été écrite pour un film où John joue le rôle du frère de l'acteur-chanteur billy Bob Thornton.
Et pour vous remercier de votre fidélité, je vous offre 2 autres titres de la belle Iris (par ailleurs épouse de Greg Brown et qui s'est égalemment illustrée sur des disques de Tom Russell):
- "Our Town" avec Emmylou Harris
- "Let The Mystery Be" (avec elle-même).
PS: Merci Hervé
SUZANNE VEGA
Suzanne, pour ceux de ma génération, c'est d'abord une chanson de Leonard Cohen. Pour les amateurs de musique californienne, ce peut être aussi l'épouse et muse de Jesse Colin Young qui lui consacra plusieurs chansons.
Depuis un jour de décembre 1987, pour moi, c'est d'abord Suzanne Vega.
Je venais de m'offrir pour Noël mon premier lecteur CD mais, dans la petite ville d'Argonne où j'habitais, il était impossible de se procurer un CD. Aucun magasin n'en vendait encore. Mon marchand de lecteur me prêta un Fleetwood Mac ("Tusk" ?) et un Roxy Music ("Avalon") pour me permettre d'essayer mon nouveau jouet (avec changeur 6 CD) pendant le weekend.
Vint la reprise du travail la semaine suivante. Je me rendis dans un hypermarché de la capitale de Champagne-Ardenne où je fis l'acquisition de mes 2 premiers CD: "A Momentary Lapse Of Reason" de Pink Floyd et "Solitude Standing" de Suzanne Vega.
Je ne connaissais cette dernière que de nom, pour avoir lu une critique de son premier album dans Rock & Folk. Je savais que c'était une chanteuse (qui écrivait son répertoire) de Folk de New York, and that was all, folks!
Le premier disque que je mis sur ma platine fut le sien. Et là, ce fut une révélation. Un ton bien à elle, une guitare acoustique omni-présente et mise en valeur par des orchestrations plus musclées sur les titres le justifiant, une voix feutrée et expressive. Bref, Suzanne était à l'opposé de ce que je n'aimais pas dans le folk féminin à l'époque (j'avais du mal à supporter les effets de voix de Joan ou Judy et je préférais les artistes ayant une couleur plus "blues", à l'image de leurs homologues masculins).
Que dire d'autre de ce disque? Le titre d'ouverture (et de conclusion), "Tom's Dinner" mettait dans l'ambiance, hommage en forme de ronde enfantine à un "Coffee shop". Le titre fort était "Luka", avec ses arrangements où la guitare électrique établit un climat dramatique sur un thème difficile ("l'abus" des enfants). Le morceau titre, "Solitude Standing", "Ironbound / Fancy Poultry" sont du même niveau, alors que d'autres, plus dépouillés, sont plus dans la veine du premier album de la dame.
Ce premier album, titré simplement "Suzanne Vega", je l'ai découvert peu après. Un peu moins "fort" que son successeur, il n'en est pas moins une première oeuvre parfaitement réussie, d'une grande maturité, avec notamment le titre "Marlene On The Wall".
Et Suzanne a poursuivi son petit bonhomme de chemin, discrètement, nous offrant 4 autres albums, le dernier en date (2001) étant l'excellent "Songs In Red And Gray". Pas envahissante, Madame Vega.
Et puis, surprise! La semaine dernière, lors du journal vespéral de TF1, j'entends le nom de Suzanne Vega à qui un reportage était consacré à l'occasion de la sortie de son septième album, 6 ans après le précédent.
Je suis sûr que notre attente n'aura pas été vaine...
June Carter Cash – Wildwood Flower (2003)
June Carter est tombée dans la musique à sa naissance. Souvenez-vous de la Carter Family déjà évoquée ici, à propos du "Folk dans tous ses états" ou là, lorsque j'ai présenté le triple album "Will The Circle Be Unbroken").
June Carter était la fille de Maybelle Carter qui chantait et jouait de la guitare et de l'autoharpe au sein de la célèbre famille. Son style influença et influence toujours des générations d'artistes (country, folk, bluegrass…) qui lui rendent régulièrement hommage. Après la dissolution de la Carter Family originelle, elle perpétua la tradition en continuant à se produire avec ses trois filles, Anita, Helen et June. June Carter était aussi la seconde épouse de Johnny Cash et la turbulente naissance de leur amour, qui dura jusqu'à la mort, est la toile de fond du très beau film "Walk The Line".
June est décédée quelques mois avant Johnny, le 15 mai 2003, et, comme lui pour "American V – A Hundred Highways", elle avait eu le temps d'enregistrer un dernier et superbe album. À vrai dire, la production discographique de June au cours de ses 35 dernières années d'existence fut très limitée dans la mesure où, malgré son immense talent, elle s'était, par choix personnel, effacée derrière ses filles et surtout derrière son géant de mari, se contentant le plus souvent de l'accompagner vocalement lors de ses concerts.
Pour toutes ces raisons, "Wildwood Flower", publié quelques semaines après le décès de June, est plus qu'un simple disque. Laissons à cet égard s'exprimer Rosanne Cash, fille de Johnny, et très proche de sa "step mother".
"Ce disque, "Wildwood Flower", est la somme musicale d'une vie extraordinaire. Je l'ai entendu pour la première fois le 10 mai 2003. Mon père me l'a fait écouter à l'occasion d'une courte pause pendant notre veille auprès du lit de June lors de sa maladie finale. Au milieu du disque, je compris que j'écoutais plus qu'une collection de chansons, j'écoutais une autobiographie, presque cinématique par nature, et donnant une vision tès compréhensible de la vie de June. Lorsque nous arrivames à "Will You Miss Me When I'm Gone", j'éclatai en sanglots et me mis à frissonner jusqu'à l'os. Je savais qu'elle nous disait adieu, qu'elle faisait le bilan de sa mission, et que son âme, à un niveau supérieur à la conscience quotidienne, en avait dirigé la création.
La peine causée par la perte imminente était comme une brume nous enveloppant, mon père et moi, pendant que nous écoutions, et le côté poignant du fait d'entendre un passé musical et culturel qui fait partie désormais de l'histoire était, et est toujours, profondément émouvant. Mais l'élément central et le plus important de ce disque est June elle-même: sa grâce; son humour; ses racines "appalachiennes"; sa tranquille compréhension et sa fierté puisée dans le fait d'occuper une place permanente dans l'évolution de la musique américaine; ses rôles d'épouse et de mère; son élégance et sa vie intérieure; sa discrétion dans la peine comme dans la joie; son intemporalité. Ce disque, comme June elle-même, est un trésor à la fois contemporain et historique. Les chansons sont présentées de manière délicate et exquise à la fois. Elle a choisi ce que je considère comme probablement les sept meilleures chansons d'A.P. Carter parmi le catalogue entier de la Carter Family. "Keep On The Sunny Side", "Storms Are On The Ocean", "Sinking On The Lonesome Sea", "Church In The Wildwood / Lonesome Valley", "Cannonball Blues", "Will You Me Me When I'm Gone", "Anchored In Love" plus, évidemment, "Wildwood Flower".
Depuis sa brillante jeunesse (dont ce disque nous offre un court aperçu extrait d'une émission de radio en 1944) jusqu'à cette nouvelle compilation, elle a dû chanter ces morceaux des milliers de fois. Il n'ont rien perdu de leur potentiel; bien plus, ils ont même atteint un pouvoir quasiment mystique avec le temps. June est aussi concernée quand elle les chante ici, en qualité d'ancienne, qu'elle l'était lorsque, encore adolescente, elle les chantait en tournée avec sa mère et ses sœurs…".
Rosanne nous parle ensuite de la June qu'elle a connue et nous dit quel être humain merveilleux elle était. Elle termine par le "discours" qu'elle a prononcé lors de ses obsèques.
Pour en revenir à la musique, June nous offre également quatre de ses compositions: "The Road To Kaintuck" et "Alcatraz" (co-signées par sa sœur Helen), "Kneeling Drunkard's Plea" (écrite avec Maybelle, Helen et Anita) et "Big Yellow Peaches" (avec une introduction amusante au sujet de Lee Marvin). Le dernier titre "Temptation", joyeux, est le seul à ne pas porter le label "Carter".
Le disque est produit par John Carter Cash (fils de June et Johnny), et Johnny est très présent, avec quelques apparitions vocales, de même que quelques membres de la tribu: Laura Cash, Carlene Carter, Marty Stuart, Tiffany Anastasia Lowe, Lorrie Carter Bennett, Joe Carter, Janet Carter.
Il faut aussi souligner l'omniprésence du sublime et discret Norman Blake (autre géant méconnu du genre) à la guitare acoustique, accompagné de son (ex)épouse Nancy à la mandoline, à la mandola et au violoncelle.
Ce que l'on ressent à l'écoute de ces treize titres ne peut pas être décrit. Bien sûr, la voix de June est fatiguée et n'atteint plus les hautes notes qui nous enchantaient quelques années avant. Mais l'émotion est telle que l'on croirait la toucher et lorsque le dernier titre commence, le fameux "Wildwood Flower" (que dans "Walk The Line" elle présentait comme le titre préféré de Mother Maybelle), lorsque parviennent à nos oreilles les notes de l'autoharpe de la même Maybelle délicatement égrenées par les doigts de June, il faudrait être de pierre pour ne pas avoir la larme à l'œil. Ces notes nous touchent au plus profond de l'âme.
Le recto du livret du CD (cf. reproduction plus haut) est aussi un parfait résumé de ce que fut June. Quant au verso, il représente deux colombes unies en un tendre bec-à-bec, deux mains jointes, et la mention "Ever Yours".
Et le disque lui-même est ce qu'on appelle un "enhanced CD". C'est-à-dire que si vous le passez sur votre PC vous bénéficierez d'un bonus vidéo vous permettant d'assister, entres autres, à des extraits de l'enregistrement de l'album. Ce sont sans doutes les dernières images musicales de June et Johnny ensemble. Là encore, difficile de ne pas craquer devant ces deux immenses artistes consacrant leurs dernières forces à ce qui fut l'amour commun de toute leur vie: la musique.
Et après cela, comment ne pas avoir envie de (re)découvrir la Carter Family?